retour haut de page

titre_Organisation

boite verte

Sources :
Guerre des frontières du Rhin - W. Rustow, Dumaine, Paris, 1873.
L'armée allemande - de Moltke, Dentu, Paris, 1871. Image

Image

Image Image
Progrès des armées allemandes de 1866 à 1870

Service   Infanterie   Cavalerie   Artillerie   Génie   Train   Districts   Garnisons   Service   Grand-duché de Hesse-Darmstadt   Bavière, Wurtemberg et Bade   Organisation  

boite verte

La guerre de 1866 durait encore que la Prusse, en prévision des annexions qu'elle voulait faire, avait déjà pris ses mesures pour augmenter son armée; il lui fut donc facile, à la fin de cette guerre, de faire entrer dans son système militaire, non-seulement les provinces annexées, mais encore les pays de la Confédération allemande du Nord.

Avant la paix de Prague, la Prusse avait 1 corps de la garde et 8 corps d'armée provinciaux.
Ces 9 corps d'armée, sauf des différences sans importance, étaient organisés de la même manière.
Chaque corps renfermait, en troupes de ligne actives et permanentes :
9 régiments d'infanterie à 3 bataillons ;
1 bataillon de chasseurs ;
6 régiments de cavalerie ;
Une brigade d'artillerie, composée d'un régiment de campagne et d'un régiment d'artillerie de place ;
1 bataillon de pionniers et
1 bataillon du train.
Chaque corps d'armée, sur le pied de guerre, représentait en troupes de campagne un effectif d'environ 30.000 hommes d'infanterie et de cavalerie, avec 96 pièces de campagne.

II n'y avait aucune difficulté à augmenter l'effectif de chaque corps de troupes, grâce au grand nombre d'hommes exercés au service militaire, et aux institutions organiques en vigueur.
On formait donc très facilement de nouvelles compagnies, de nouveaux bataillons ou escadrons. La base de ces nouvelles formations était, en première ligne dans les troupes de dépôt (ou de remplacement), en seconde ligne dans la landwehr, destinée à fournir les garnisons des places fortes et, en outre, à former des réserves stratégiques pour l'armée de ligne combattant à l'étranger.
A la suite de ces annexions directes, le gouvernement prussien ordonna la formation de 3 nouveaux corps d'armée, ce qui portait à onze le nombre des corps provinciaux de l'armée prussienne, sans compter la garde qui se recrute dans toute l'étendue de l'Etat prussien.
Par le fait, on ne créa que 16 nouveaux régiments d'infanterie sur les 27 que devaient renfermer les trois nouveaux corps d'armée ; les vides devaient être remplis par les contingents des petits Etats de la Confédération du Nord.
En entrant dans cette Confédération, le royaume de Saxe fournit un douzième corps d'armée provincial.

Nous allons examiner, par armes, l'organisation militaire de la Confédération allemande du Nord, telle qu'elle était à la fin de 1868, en négligeant pour un temps la landwehr et le grand-duché de Hesse.

boite verte

boite verte  Service :

La force armée territoriale de la Confédération du Nord, (provenant du service obligatoire général appliqué à tous les États de la Confédération et excluant tout remplacement), se divise en trois catégories:
1. L'armée active.
2. La landwehr.
3. Le landsturm.
Le service militaire est obligatoire à partir de l'âge de 20 ans.
Les engagements volontaires sont autorisés après la 17e année accomplie.
Le service dans l'armée active (ligne) dure sept années, dont trois sous les drapeaux.
Les engagés volontaires pour un an, et une partie des soldats du train ne servent activement, les premiers que pendant une année, les autres pendant six mois seulement.
Pendant le reste du temps, les hommes sont congédiés dans la réserve, mais se tiennent prêts à rejoindre leurs corps pour les compléter sur le pied de guerre.
Passés dans la landwehr, ils y restent cinq ans.
La landwehr des dernières années peut être appelée à compléter les corps de troupe si la réserve ne suffit pas.
Les admissions dans la landwehr et les libérations sont interdites pendant la guerre.
L'armée active, qui est l'école militaire de la nation allemande, est appelée à marcher la première en temps de guerre.
La landwehr, formée en corps de troupe particuliers, sert à renforcer l'armée active en campagne.
Destinée à fournir les garnisons des places fortes, elle peut cependant, en cas de besoin, être employée activement.
Dans ce dernier cas, on forme habituellement avec elle des corps ou des divisions de réserve, comme cela s'est pratiqué dans la campagne de 1866 et dans la guerre qui dure encore actuellement.
Pendant la rapide campagne de 1866, la landwehr, à l'exception de quelques fractions isolées, ne put prendre part aux combats.
Cette année, elle a eu amplement l'occasion de prouver sa valeur militaire, notamment devant Strasbourg, Metz, Paris, Verdun, Neu-Brisack, etc., et de détruire complètement l'opinion dédaigneuse que l'ennemi avait conçue de cette institution.
Le landsturm est la levée en masse de tous les hommes de 17 à 42 ans capables de porter les armes, et qui ne servent pas déjà dans la ligne ou dans la landwehr.
Il n'est pas organisé en temps de paix et produirait, si jamais sa levée était nécessaire, les suprêmes efforts du peuple pour la défense de la patrie.
(Moltke_6)

boite verte

boite verte  Infanterie :

Corps de la garde prussienne :
4 régiments à pied de la garde,
4 régiments de grenadiers de la garde,
1 régiment de fusiliers de la garde,
1 bataillon de chasseurs de la garde,
1 bataillon de tireurs d'élite de la garde,
Ce qui fait 29 bataillons d'infanterie.

Troupes provinciales (y compris le 12e corps — Saxons) :
88 régiments d'infanterie prussienne, portant les numéros 1-88, dont 12 régiments de grenadiers n°1-12, et 8 régiments de fusiliers,n°33-40.
17 régiments fédéraux d'infanterie, savoir :
- de Mecklenbourg, n°89 (grenadiers) et n°90 (fusiliers), appartenant au 9e corps d'armée,
- 1 d'Oldenbourg, n°91 (10e corps d'armée) ;
- 1 de Brunswick, n°92 (10e corps) ;
- 1 d'Anhalt, n°93 (4e corps) ;
- 1 (septième) de Thuringe, n°96 (4e corps), fourni par la Saxe-Altenbourg et Reuss ;
- 1 (cinquième) de Thuringe, n°94 (11e corps), fourni par la Saxe-Weimar ;
- 1 (sixième) de Thuringe, n°95 (11e corps), fourni par la Saxe-Cobourg-Gotha et la Saxe-Meiningen-Hildbourg- hausen-Saalfeld ;
- 9 régiments, n°100 à 108, du 12e corps (Saxons), dont 2 régiments de grenadiers, n°3 1OO et 101, et un régiment de fusiliers, n°108.

Les numéros 97, 98 et 99 manquent dans la série des régiments provinciaux de l'Allemagne du Nord. Par suite de diverses conventions militaires particulières, la Prusse devait lever des régiments pour quelques petits Etats, ou transporter plutôt des régiments prussiens sur leur territoire. Cette nouvelle organisation n'étant pas terminée dès le début, c'est pour cela que les numéros 97, 98 et 99 restèrent provisoirements vacants.

Les bataillons de chasseurs provinciaux étaient :
- 11 bataillons, n° 1-11, pour les onze corps prussiens ;
- 2 bataillons saxons, n°12 et 13, pour le 12e corps;
- 1 bataillon mecklenbourgeois n°14.

En récapitulant l'infanterie, nous avons :
- 9 régiments de la garde à 3 bataillons soit 27 bataillons,
- 88 régiments prussiens à 3 bataillons soit 264 bataillons,
- 17 régiments fédéraux à 3 bataillons soit 51 bataillons,
- 2 bataillons de chasseurs de la garde,
- 14 bataillons de chasseurs provinciaux,
Total : 358 bataillons.

La force moyenne du bataillon, en entrant en campagne est de 1.000 combattants, répartis dans 4 fortes compagnies.
A chaque mobilisation, on forme aussitôt par régiment d'infanterie un bataillon de dépôt —ou de remplacement— de 1.000 hommes, et par bataillon de chasseurs une compagnie de dépôt de 200 hommes.
En moins de deux mois chaque bataillon de dépôt peut être doublé sans difficulté, de sorte que l'on possède alors d'abord un 4e bataillon tout prêt à entrer en campagne et, en second lieu, un nouveau bataillon de dépôt.

L'infanterie allemande du Nord peut donc mettre en campagne, sans rien improviser :
- En première ligne (infanterie et chasseurs) 358.000 hommes,
- En seconde ligne 117.200 hommes,
Total : 475.200 hommes.

boite verte

boite verte  Cavalerie :

La campagne de 1866, les annexions, etc., apportèrent des changements importants dans la cavalerie.
Les régiments de cavalerie de la garde restèrent les mêmes après 1866; c'étaient :
- 1 régiment de gardes du corps,
- 1 régiment de cuirassiers,
- 2 régiments de dragons,
- 1 régiment de hussards,
- 3 régiments de uhlans (lanciers),
en tout 8 régiments.

Le nombre de régiments de cuirassiers de la ligne resta également le même après les annexions ; c'étaient les 8 anciens régiments de cuirassiers prussiens.
Il n'en fut pas ainsi des dragons, des hussards et des uhlans.
Le nombre des régiments de dragons prussiens qui était de 8 fut porté à 16 après 1866 ; il s'y joignit en outre les deux régiments de dragons mecklenbourgeois avec les numéros 17 et 18, le régiment de dragons d'Oldenbourg avec le n°19, et les 4 anciens « régiments de cavalerie » saxons qui conservèrent leurs titres et leurs numéros de 1 à 4. La Confédération du Nord comptait donc 23 régiments de dragons, y compris les cavaliers saxons.
Les 12 anciens régiments de hussards prussiens furent portés à 16 après les annexions, et il s'y ajouta le régiment de hussards de Brunswick, avec le n°17. La Confédération avait en conséquence 17 régiments de hussards.
Les 12 régiments de uhlans prussiens furent également portés à 16, et deux régiments de uhlans saxons, nouvellement créés, donnèrent 18 régiments de uhlans.

En récapitulant la cavalerie de l'Allemagne du Nord nous trouvons (sans la Hesse-Darmstadt):
- Garde prussienne   8 régiments,
- cuirassiers   8 régiments,
- dragons   23 régiments,
- hussards   17 régiments,
- uhlans   18 régiments,
Total :   74 régiments.

Chacun de ces régiments avait, dans la nouvelle formation, 5 escadrons dont 4 escadrons de guerre et un de dépôt.
Ce dernier était complètement organisé, même sur le pied de paix ; avec le système de réserve et de landwehr en vigueur, il était possible de grossir considérablement cet escadron de dépôt de manière à en faire le noyau de nouveaux escadrons de guerre de réserve et d'escadrons de garnison de la landwehr pour occuper les places fortes, défendre les côtes et former des réserves stratégiques en arrière de l'armée d'opérations.
Chaque escadron entre en campagne avec 150 chevaux montés, de sorte que les 74 régiments de cavalerie mettent en campagne :
- En première ligne 44.400 chevaux,
- En deuxième ligne (dépôts) 11.100 chevaux,
Total...... 55.500 chevaux.
(Rustow)

Un des 5 escadrons de chaque régiment ne fait pas campagne; il reste comme escadron de recrutement.
Dans le cas d'entrée en campagne, il échange ses chevaux bons pour le service, contre ceux des autres escadrons désignés pour la réforme ou qui ne sont pas suffisamment dressés.
La formation du 5e escadron date de l'année 1866.
Dans la campagne de cette année-la, notre cavalerie fit la fâcheuse expérience que les chevaux achetés au dernier moment pour compléter les escadrons, ne pouvaient supporter une nourriture et des fatigues auxquelles ils n'étaient point accoutumés, et se trouvaient bientôt hors de service.
On a remédié à cet inconvénient par la formation du 5e escadron.
Le régiment de cavalerie de 5 escadrons est composé, y compris l'état-major (le commandeur [colonel], un officier d'état-major, un adjudant), de 25 officiers et 697 hommes avec 672 chevaux de service, sans compter les chevaux supplémentaires des officiers (offizier-chargen-Pferde).
A chaque régiment sont attachés un comptable (zahlmeister), et suivant le nombre de ses garnisons, de 2 à 5 médecins.
Les régiments de cavalerie sont numérotés comme les régiments d'infanterie, mais séparément, d'après les différentes catégories (cuirassiers, dragons, reiters, etc.), et pourvus comme eux de dénominations provinciales.
Les hommes appelés au service de la cavalerie ainsi que les volontaires des Etats de la Confédération qui ne fournissent pas de fractions de cavalerie constituées, accomplissent leur temps de service dan les régiments prussiens occupant les garnisons les plus proches.

Dans cette arme, la distinction entre la cavalerie légère et la grosse cavalerie est plus réelle que dans l'infanterie ; le recrutement des hommes, au point de vue physique et autant que possible au point de vue intellectuel, ainsi que la remonte des chevaux, sont effectués dans ce sens.
La grosse cavalerie est principalement équipée pour combattre à rangs serrés et pour culbuter les masses.
Bien que la cavalerie légère soit également propre à ce genre de combats et qu'elle y soit même employée, on lui confie de préférence les opérations qui exigent une adresse équestre, une vitesse et une intelligence particulières.
Ces opérations lui reviennent de droit ainsi que toutes les branches du service de securité (informations, excursions et coups de main).
Son armement avec des carabines rayées se chargeant par la culasse sert non-seulement aux signaux , et aux combats de tirailleurs à cheval contre la cavalerie ennemie, mais la rend encore capable de remplacer, au besoin, l'infanterie.
Dans la guerre actuelle, un escadron de hussards, ayant mis pied à terre, a pris d'assaut, la carabine et le sabre au poing, un village occupé par un détachement d'infanterie ennemie supérieur en nombre.
Les cuirassiers forment la véritable grosse cavalerie. Il n'est point rationnel de classer, comme on le fait encore quelquefois, les uhlans dans cette catégorie.
Employés au service de la cavalerie légère, service qui est en réalité le plus difficile, ils doivent prendre place entre les deux espèces de cavalerie.
Dans la guerre actuelle, quelques régiments de uhlans qui ont pénétré en France à la tête de nos colonnes, ont eu l'occasion de se rendre très- utiles dans ce genre de service et de faire redouter tout particulièrement de l'ennemi la race des uhlans.
Les dragons et les hussards forment la véritable cavalerie légère.
Distingués les uns des autres par la dénomination et l'habillement, leur armement et leurs fonctions sont absolument les mêmes.
Les régiments de reîters saxons et hessois appartienne à cette catégorie.

Notre cavalerie est parfaitement montée, grâce à l'influence que les haras de l'Etat et les nombreux haras privés (principalement dans la Prusse occidentale, le Mecklembourg et le Hanovre) ont, par le croisement du sang arabe avec le sang anglais, exercée depuis des siècles sur notre espèce chevaline.
Le cheval de cavalerie de l'Allemagne du Nord a réellement de la race.
Agile, vigoureux, supportant bien la fatigue, il est de plus parfaitement dressé.
La cavalerie prussienne se montra, en 1866, supérieure, sous le rapport des chevaux, à la cavalerie autrichienne et même à la cavalerie hongroise ; la cavalerie française, à l'exception des régiments de la garde et de l'Algérie, qui ont du sang arabe sous la selle, est bien loin de pouvoir être comparée quant à la remonte et à l'équitation, à la cavalerie allemande.
(Moltke_38)

boite verte

boite verte  Artillerie :

D'après la règle générale, chaque brigade d'artillerie se compose d'un régiment d'artillerie de campagne et d'un régiment d'artillerie de places. Néanmoins, les brigades des 9e, 10e, 11e et 12e corps d'armée de la Confédération allemande du Nord n'ont jusqu'à présent qu'une division d'artillerie de places avec le régiment d'artillerie de campagne.
Chaque régiment d'artillerie de campagne se compose, sur le pied de guerre, de 5 divisions, savoir : 1 division à cheval, 3 divisions à pied et 1 division, de colonne (train). Le matériel des divisions à pied a été récemment transformé, de manière à en faire de l'artillerie montée.
Chaque division à pied compte 4 batteries, savoir : 2 batteries de 6 rayé et 2 batteries de 4 rayé. Toutes les pièces se chargent par la culasse.
Chaque division à cheval ne renferme, depuis 1866 que 3 batteries de 4 rayé.
Toutes les batteries sont de 6 bouches à feu.
D'après ce qui précède, chacun des 13 régiments d'artillerie de campagne met en première ligne 15 batteries avec 90 bouches à feu. Puis une division de colonne qui se compose de 9 colonnes, 4 pour les munitions d'infanterie et 5 pour les munitions d'artillerie.
Le régiment compte (sans les officiers) 3.731 hommes, 3.358 chevaux et 385 voitures (sans compter les canons).
Les 13 régiments de campagne mettent en première ligne 1.170 bouches à feu.
Chaque régiment d'artillerie de campagne forme, en cas de guerre, une division de dépôt de 2 batteries à pied et 1 batterie à cheval, ayant ensemble 18 pièces.
Cela donne 234 pièces en deuxième ligne pour les 13 régiments de la Confédération du Nord.
Les deux batteries d'Oldenbourg, une de 6 et une de 4, et la batterie de 6 rayé de Brunswick appartiennent au 10e régiment d'artillerie de campagne; les 4 batteries mecklenbourgeoises, 2 de 6 et 2 de 4, forment la 3e division à pied du 9e régiment de campagne.
Une division d'artillerie de places a 4 compagnies ; comme il y a 22 divisions de places, cela donne pour les 13 corps allemands du Nord 88 compagnies qui, en cas de guerre, peuvent être portées au double par l'incorporation d'hommes de la réserve et de la landwehr, ce qui fait 176 compagnies avec un effectif approximatif de 36.000 hommes.
L'artillerie de places fait le service des places fortes et des côtes, et elle fournit en outre le personnel des parcs de siège dans le cas d'une guerre offensive.
(Rustow)

Quoique le canon soit l'arme de toute l'artillerie, la diversité des résultats à atteindre, celle des pièces et les différentes façons dont elles sont servies, ont nécessité une instruction différente pour les hommes, et une division en deux catégories qui sont :
l'artillerie de siège et l'artillerie de campagne.
L'artillerie de campagne est elle-même divisée en artillerie à pied et en artillerie à cheval, c'est-à-dire pourvue de servants montés.
Cette distinction ne concerne que les hommes et non le corps d'officiers.
L'officier d'artillerie n'est pas destiné seulement à l'une des catégories indiquées ci-dessus, il doit être employé dans toutes, et son instruction est dirigée de manière à répondre à cette destination multiple.
Il est, en quelque sorte, universellement artilleur (artilleristisch-universell).
L'artillerie de campagne, comme l'indique son nom, est destinée à la guerre en rase campagne. L'artillerie de siège a pour objet la défense ou le siège des places fortes.

Artillerie de campagne
L'artillerie de campagne de l'armée de la Confédération est, en général, armée de pièces rayées de 6 et de 4, se chargeant par la culasse.
Leurs longs obus, pourvus d'une pointe ogivale, contiennent une charge de poudre brisante et éclatent en tombant au milieu de l'ennemi; dans leurs éclats consiste leur effet.
Elle tire encore à mitraille et lance aussi des obus-shrapnells (obus à balles).
Ces derniers contiennent également une charge de poudre brisante.
Mais leur effet ne consiste pas autant dans les éclats que dans les petites balles qu'ils contiennent et qu'ils projettent sur l'ennemi au moment où ils éclatent.
Ces shrapnells ont un avantage sur la mitraille : c'est de produire, à des distances plus grandes, les mêmes effets qu'elle.
Par économie, la batterie de campagne ne compte sur le pied de paix que quatre pièces attelées ; et sur le pied de guerre, six.
Les batteries de 4 sont plus spécialement destinées aux combats qui exigent de la part de l'artillerie une grande mobilité.
Les batteries de 6, un peu plus lourdes, et dont l'effet est plus considérable, sont destinées aux combats de position, à la destruction des redoutes, barricades, édifices, etc.
La différence des deux calibres n'est cependant pas si grande, sous le rapport de la mobilité et de l'effet matériel, que chacun d'eux ne puisse être employé aux deux usages indiqués.
Le canon de 6 peut être employé, exceptionnellement, au bombardement des petites places fortes.
Une batterie mobile a, outre ses pièces, six voitures de munitions, une ou deux voitures de provisions, une forge de campagne, etc.
Considérée en général, l'artillerie à pied est destinée à soutenir l'infanterie, et l'artillerie à cheval la cavalerie; si l'artillerie à cheval est attachée à la cavalerie de réserve, sa mission est d'atteindre, au moyen de sa plus grande vitesse, les points du champ de bataille qui, dans le courant du combat, auraient besoin d'être renforcés.
L'artillerie de campagne de l'Allemagne du Nord se compose de 13 régiments (y compris le régiment prussien de la garde et le régiment d'artillerie de campagne saxon), qui, concordant avec les corps d'armée auxquels ils appartiennent, portent des numéros successifs (1 à 12) et une dénomination provinciale ou de pays; elle compte en plus une section hessoise.
Comme, sur le pied de guerre,la batterie est complète à 6 pièces, l'armée de l'Allemagne du Nord peut entrer en campagne avec 202 batteries formant un total de 1212 pièces servies par 29000 hommes d'artillerie.
Les contingents de l'artillerie des deux Mecklembourg (1 section à pied complète), d'Oldenbourg (1 batterie à pied de 6 et 4 batterie à pied de 4), du Brunswick (1 batterie à pied de 6) sont incorporés dans les régiments prussiens et sont compris dans les chiffres ci-dessus.
Les hommes des autres États de la Confédération destinés à l'artillerie, accomplissent leur temps de service dans les régiments prussiens.
Le personnel d'un régiment d'artillerie de campagne se compose, avec les états-majors de régiments et de sections, de 85 officiers, 8 médecins, 2 ou 3 vétérinaires, 1 zahlmeister et 1,655 hommes avec 696 chevaux de selle et de trait.
Le régiment d'artillerie de campagne saxon possédant une batterie de plus (sur le pied de paix), il est un peu plus fort.

Artillerie de siége.
L'artillerie de siège comprend 1 régiment de la garde, 8 autres régiments chacun de 2 sections et 3 sections indépendantes, tous prussiens, numérotés et dénommés d'une manière analogue à l'artillerie de campagne; de plus, une section saxonne (n°12).
Comme la section compte 4 compagnies, l'artillerie de siège de l'Allemagne du Nord en a donc 88.
La section est forte de 19 officiers, 2 médecins et 400 hommes; le régiment, y compris son état-major, se compose de 45 officiers et de 800 homme.
Aux états-majors des régiments et des sections indépendantes il faut encore ajouter le personnel des artificiers, chargé de la confection des munitions pour les régiments d'artillerie de campagne et d'artillerie de siège appartenant à la même brigade.
L'artillerie de campagne a pour objectif principal les troupes ennemies. L'artillerie de siège doit avoir une puissance destructive bien plus considérable.
En effet, bien qu'il soit possible de l'employer quelquefois contre des troupes, son véritable rôle est l'attaque des places fortes, la destruction des remparts, des lieux à l'abri de la bombe (blindés), de blockhaus, de batteries, etc.
Les canons de l'artillerie de siège sont donc naturellement plus forts.
Nous ne citerons ici que les canons rayés de 6, de 12 et de 24; les canons lisses de 6 et de 12, les mortiers lisses de 7 à 50.
Les mortiers lancent, suivant une courbe élevée, des projectiles creux (bombes) chargés de poudre brisante, qui agissent destructivement aussi bien par la force de leur chute, que par celle de leurs éclats et de leur poids.
Les gros mortiers deviennent donc dangereux pour les magasins de poudre, en dépit de leur blindage.
Dans aucune armée le système rayé n'a, jusqu'à présent, été appliqué aux mortiers ; l'initiative de ce progrès, qui donne au tir une justesse peu commune et fera disparaître peu à peu les mortiers lisses, est due à l'artillerie prussienne.
Bien que cette invention récente soit encore à l'état d'essai, quelques modèles de mortiers rayés du plus gros calibre, ont été employés au siège de Strasbourg avec un succès réel.
Ces mortiers, se chargeant par la culasse, peuvent lancer leurs lourds obus à une hauteur de près de 3,000 pieds (1,000 mètres), D'après cela, que l'on juge de l'effet de leur chute !
La Confédération du Nord possède un train de siège, composé des pièces et du matériel nécessaires au siège de la place la plus forte.
Il est divisé en trois sections qui se trouvent en temps de paix à Magdehourg, Wesel et Coblentz.
On donne le nom de parc de Siége à l'ensemble des pièces et du matériel nécessaires à un siège.
L'artillerie de marine a beaucoup d'analogie avec l'artillerie de siége.
Remarquons qu'elle n'est point destinée, comme on pourrait être tenté de le croire, aux vaisseaux de guerre, mais au service des batteries de côtes et des autres fortifications élevées pour la défense des ports et des établissements maritimes exposés à une attaque du côté de la mer.
Le service de l'artillerie des bâtiments de guerre, qui exige un coup d'œil nautique et pratique tout à fait spécial, est du ressort des hommes de mer.
L'artillerie de marine n'appartient donc pas à la guerre continentale : son champ d'action est la mer.

Les institutions permanentes qui comprennent le comité général et la commission d'examen de l'artillerie, composés d'officiers de l'armée, s'occupent des questions techniques, des perfectionnements à adopter, des hautes affaires de l'organisation, etc.

Il nous faut encore parler de la section des artificiers, qui ne fait partie d'aucun des corps de troupe de l'artillerie indiqués plus haut, mais qui appartient à toute l'arme, et des officiers des arsenaux (zengoffiziere) sortis également du corps de l'artillerie.
La première, forte de deux compagnies résidant à Spandau, est chargée de fabriquer les pièces d'artifices dont la confection exige des soins particuliers (fusées lumineuses, fusées explosives, fusées pour obus-shrapnells, amorces pour les cartouches d'infanterie,etc.).
Les officiers des arsenaux placés dans les places-fortes, sous les ordres de l'officier d'artillerie de la place, sont chargés de la surveillance des pièces d'artillerie et des autres armes conservées dans les arsenaux.

Le mot batterie a deux significations, dont l'une a un caractère d'organisation.
On nomme batterie la plus petite subdivision de l'artillerie de campagne, (comme l'escadron et la compagnie dans les autres armes), composée d'un certain nombre de pièces, de voitures de munitions, etc., d'hommes et de chevaux.
Généralement, en campagne, on désigne encore sous ce nom une ligne de pièces établies en bataille.
Dans la guerre de siège, on entend par batterie des épaulements garni, en partie, d'embrasures construites avec de la terre, des gabions et des fascines, pour préserver des feux de l'ennemi les pièces et leurs servants.
Il ne faut cependant pas confondre ces batteries avec les retranchements qui appartiennent à la guerre en rase campagne.
Ces derniers sont des ouvrage en terre semblables à ceux dont nous venons de parler, mais fortifiés par des fossés, des palissades et autres obstacles, qui, non-seulement mettent à l'abri du feu ennemi l'artillerie et l'infanterie, mais permettent encore de résister à une attaque de vive force.
L'artillerie construit elle-même ses batteries.
Les retranchements qui servent, en rase campagne, à se maintenir plus facilement sur des points importants ou à fortifier les points faibles des lignes de défense, sont construits par les pionniers secondés par des hommes de l'infanterie, sous la direction d'officiers-ingénieurs.

Le mot calibre exige aussi une explication.
On comprend sous cette désignation la mesure de la section transversale de l'espace intérieur du tube dans lequel se place le projectile et que les artilleurs appellent âme.
Les désignations de calibre de 4, de 6, etc. ; de batteries de 4, de 6, etc., ne signifient pas que le projectile pèse autant de livres.
Cette dénomination des temps où l'on plaçait des boulets ronds massifs, d'un poids correspondant à ces chiffres, dans les canons ainsi désignés, a été transmise abusivement à l'artillerie moderne.
Les longs projectiles de cette artillerie pèsent un peu plus du poids ainsi indiqué.
Il est à supposer que c'est cette dénomination inexacte qui a donné lieu à une décision royale prescrivant que les batteries de 4 et de 6 ne seront plus désignés de cette façon, mais prendront le nom de batterie légère(leichte batterie) et de grosse batterie (schwere batterie); et que le calibre des pièces sera indiqué, en général, d'après la mesure métrique.
D'après cela, par exemple, le calibre de 4 serait de 8 centimètres, celui de 6, de 9 centimètres, etc.

Disons quelques mots de l'introduction, dans notre artillerie, du système de chargement par la culasse.
Les canons rayés exercent, au moyen des projectiles éclatants, indépendamment de l'effet matériel, une influence morale sur l'ennemi.
Leur tir est plus juste et ils portent bien plus loin que les canons lisses avec leurs boulets pleins, lesquels sont d'ailleurs exclus de toutes les artilleries de campagne.
Les pièces prussiennes de 4 et de 6 lancent leurs projectiles à une distance de près de 5000 pas.
A de pareilles distances impossibles à apprécier exactement, on ne les emploie que contre des masses considérables, tandis que la justesse de leur tir sur de petites colonnes est encore parfaite à une distance de 2500 pas.
Il en est de même des gros calibres.
La pièce rayée de 24 projette ses obus à une distance de 8000 pas et plus même.
Elle est, par conséquent, très-propre au bombardement des places fortes, qui offrent naturellement un but très étendu.
La justesse du tir de nos pièces rayées est augmentée d'une façon notable au moyen du chargement par la culasse, qui empêche tout jeu du projectile dans l'âme du canon.
A cela s'ajoute un excellent système de fusée (c'est-à-dire le moyen d'inflammation de la poudre destinée à briser l'obus) , qui assure d'une façon presque certaine son éclatement lorsqu'il frappe le but.
Dans ces avantages consiste la supériorité décisive et reconnue même par l'adversaire, que l'artillerie allemande a eue sur l'artillerie française, dans la guerre actuelle.
Les pièces françaises se chargent par la bouche ; leur tir est moins juste et leur système de fusée laisse beaucoup à désirer; les obus francais n'éclatent qu'à des distances déterminées (obus réglés); de sorte que si l'ennemi ne se trouve pas précisément à une distance pour laquelle ils puissent être réglés, ils éclatent devant ou derrière lui.
La distance la plus grande à laquelle ils éclatent est de 3000 mètres.
Les canons lisses lancent plus efficacement la mitraille que les canons rayés ; mais ils ne portent pas aussi loin.
Malgré cela, on a conservé dans les places fortes un certain nombre de ces pièces (calibre de 12 et de 6) destinées à battre avec de la mitraille les lignes courtes des fossés de remparts, et principalement à défendre la brèche contre l'assaut.
Dans la campagne de 1866 si glorieuse pour notre armée, l'artillerie de campagne prussienne fut obligée de se présenter avec deux cinquièmes de canons lisses, en face de l'excellente artillerie autrichienne armée déjà complètement à cette époque de pièces rayées.
De plus, ayant contre elle certaines circonstances particulières, dues à la disposition du terrain et aux incidents du combat, circonstances qu'il n'était point en son pouvoir de modifier, elle ne produisit pas toujours un effet correspondant à sa valeur intrinsèque.
(Moltke_42)

boite verte

boite verte  Génie :

Le génie se compose du corps des ingénieurs, uniquement formé d'officiers, et de 13 bataillons de pionniers, en temps de paix chacun de 4 compagnies : une de mineurs, deux de sapeurs et une de pontonniers. Un bataillon de pionniers mobilisé se divise, à la guerre, en 3 fortes compagnies, à chacune desquelles on attache, d'après sa destination, une colonne d'outils du génie, un équipage de ponts d'avant-garde ou une colonne de pontons. Les bataillons de pionniers fournissent en outre les cadres et le noyau des hommes pour les divisions de télégraphes et de chemins de fer. En cas de mobilisation, chaque bataillon de pionniers forme une compagnie de dépôt.

boite verte

boite verte  Train :

Chaque corps d'armée a son bataillon du train oui à l'inverse des autres corps de troupes, reçoit des recrues deux fois par an et ne les conserve que pendant six mois. Très-faible en temps de paix, le bataillon du train prend, en cas de mobilisation, des dimensions colossales, indépendamment des soldats du train qui sont spécialement affectés aux diverses fractions de troupes. Il se compose alors en effet de :
- 5 colonnes de vivres à 32 voitures;
- 1 colonne de fours de campagne à 5 voitures ;
- 1 dépôt de chevaux de 170 chevaux et 1 voiture ;
- 3 ambulances de 10 voitures, avec chacune une compagnie d'infirmiers pour relever les blessés ;
- 1 escadron d'escorte du train de 120 chevaux et une voiture;
- 1 colonne de voitures, correspondant aux compagnies auxiliaires du train des équipages français ; elle n'est formée qu'en cas de besoin et peut être cependant évaluée en moyenne à 5 divisions, chacune de 80 voitures.
Comme la cavalerie, par suite de son effectif élevé en temps de paix, n'a besoin pour être mobilisée que d'un nombre relativement restreint de ses réserves et de sa landwehr, elle fournit au train un contingent assuré et très suffisant pour compléter ses conducteurs et les hommes nécessaires pour soigner les chevaux.

boite verte

boite verte  Les douze districts :

Pour ce qui concerne le recrutement, l'administration, la formation des landwehriens et la mobilisation en général, le territoire de la Confédération allemande du Nord (sans la Hesse-Darmnstadt) est partagé en 12 districts de corps d'armée, un pour chacun des 12 corps provinciaux, tandis que le corps de la garde prussienne, le 13e de l'armée de la Confédération se recrute sur la totalité de la monarchie prussienne.
Chaque district de corps d'armée est en outre fractionné en neuf districts principaux d'une classe inférieure qui sont, en général, un district de bataillon de landwehr de réserve et 8 districts de régiment de landwehr.
Il y a dans chaque district de corps d'armée un district de bataillon de landwehr de réserve; mais les districts de régiment de landwehr sont par le fait en nombre variable; ainsi il s'en trouve :
- 8 dans chacun des 1er, 2e 3e 5e, 6e, 7e, 8e, 11e et 12e corps d'armée ;
- 6 dans chacun des 9e et 10e corps ;
- 9 dans le 4e corps d'armée.
Dans chaque district de régiment de landwehr se recrute le régiment d'infanterie de ligne correspondant; le régiment de fusiliers, le bataillon de chasseurs, les régiments de cavalerie, la brigade d'artillerie, le bataillon de pionniers et le bataillon du train de chaque corps d'armée se recrutent sur tout le district de ce corps.
Deux districts de régiment de landwehr forment généralement un district de brigade. Chaque district de régiment de landwehr se divise en deux districts de bataillon, chacun desquels fournit, en cas de mobilisation, un bataillon complet de garnison (landwehr), sans préjudice des autres formations.
Un district de bataillon de landwehr renferme de 3 à 6 (exceptionnellement jusqu'à 12) districts de compagnie. Mais cela ne veut pas dire qu'en cas de mobilisation les bataillons de landwehr puissent se composer d'un nombre variable de compagnies, car le bataillon mobilisé de landwehr a, comme le bataillon de ligne, 4 compagnies.
Un rôle tout particulier est assigné au district de bataillon de landwehr de réserve. D'après leurs numéros, ils correspondent aux régiments de fusiliers qui sont recrutés dans leurs districts de corps d'armée; mais ils doivent servir principalement à égaliser les bataillons de garnison, ce qui paraissait d'autant plus nécessaire que l'organisation de la landwehr ne pouvait entrer en activité du jour au lendemain dans les provinces annexées à la Prusse, ainsi que dans les petits Etats de la Confédération du Nord.
Il ne paraîtra donc pas inutile que nous donnions ici les 12 districts de corps d'armée de la Confédération allemande du Nord, en indiquant pour chacun d'eux le territoire du bataillon de landwehr de réserve :
- 1er corps d'armée :
Prusse orientale et une grande partie de la Prusse occidentale. Bataillon de landwehr de réserve de Kœnigsberg, n°33 (cercles de Fischhausen, de Kœnigsberg ville et campagne).
- 2e corps d'armée :
Poméranie, partie de la Prusse occidentale et de Posen. Bataillon de landwehr de réserve de Stettin, n°34 (cercles de Randow, d'Usedom-Wollin, ville de Stettin).
- 3e corps d'armée:
Brandebourg. Bataillon de landwehr de réserve de Berlin, n°35 (ville de Berlin).
- 4e corps d'armée :
Province de Saxe, Anhalt, Reuss, Schwarzbourg. Bataillon de landwehr de réserve de Magdebourg, n°36 (ville de Magdebourg, cercles de Magdebourg et de Wanzleben).
- 5e corps d'armée :
Basse Silésie et district de gouvernement de Posen. Bataillon de landwehr de réserve de Glogau, n°37 (cercles de Glogau et de Fraustadt).
- 6° corps d'armée :
Moyenne et haute Silésie. Bataillon de landwehr de réserve de Breslau, n°38 (ville de Breslau).
- 7e corps d'armée :
De la Westphalie, les cercles de gouvernement de Munster et de Minden ; de la province rhénane, le cercle de gouvernement de Dusseldorf, puis la Lippe-Detmold et la Lippe-Schaumbourg. Bataillon de landwehr de réserve de Barmen, n°39 (cercles d'Elberfeld, de Barmen et de Mettmann).
- 8e corps d'armée:
Hohenzollern et, de la province rhénane, les cercles de gouvernement d'Aix-la-Chapelle, de Cologne, de Coblentz et de Trêves. Bataillon de landweh de réserve de Cologne, n°40 (ville et cercle de Cologne).
- 9e corps d'armée :
Schleswig-Holstein avec les enclaves d'Oldenbourg, Mecklenbourg-Schwerin et Strelitz, la partie nord-est de la province de Hanovre, les villes hanséatiques, Hambourg, Lubeck et Brème. Bataillon de landwehr de réserve d'Altona, n°86 (cercles de Pinneberg, de Stormarn, de Seegeberg et ville d'Altona).
- 10e corps d'armée:
La plus grande partie de l'ancien royaume, actuellement province de Hanovre, le grand-duché d'Oldenbourg, le duché de Brunswick. Bataillon de landwehr de réserve de Hanovre, n°73 (cercles de Wenningsen et de Hameln, ville et cercle de Hanovre).
- 11e corps d'armée:
Le cercle de gouvernement d'Arnsberg dans la Westphalie, l'ancien électorat de Hesse, l'ancien grand-duché de Nassau, l'ancienne ville libre de Francfort, le grand-duché de Saxe-Weimar, les duchés de Saxe-Cobourg-Gotha et de Saxe-Meiningen-Hildbourhausen-Saalfeld, la principauté de Waldeck. Bataillon de landwehr de réserve de Francfort-sur-le-Mein, n°80 (cercles de Francfort, d'Ober-Taunus et de Hanau).
- 12e corps d'armée:
Royaume de Saxe. Bataillon de landwehr de réserve de Dresde, n°108 (ville de Dresde).

boite verte

boite verte  Troupes de garnison :

C'est sur la division de l'Allemagne du Nord en districts de landwehr que repose toute la formation de l'armée de garnison.
Les troupes de garnison qui doivent être formées sont :
1° Deux régiments de landwehr de la garde à trois bataillons;
2° Deux régiments de grenadiers de landwehr de la garde à 3 bataillons ;
3° Dans chaque district de bataillon de landwehr provinciale, un bataillon de 4 compagnies;
4° Pour chaque bataillon de chasseurs de la ligne, une compagnie ;
5° Dans chaque district de corps d'armée, deux régiments de cavalerie à 4 escadrons;
6° Par régiment d'artillerie de campagne 3 batteries, comme batteries de sorties dans les places fortes, ou pour un autre emploi si elles deviennent inutiles dans les places fortes;
7° Le nombre et la force des compagnies d'artillerie de places sont doublés ainsi que nous l'avons vu plus haut;
8° Pour chaque bataillon de pionniers on forme 3 compagnies de places fortes qui sont réparties, non pas par compagnie, mais par détachement, en raison de l'importance des places fortes.

Les troupes de garnison peuvent aussi, en cas de besoin, être formées en régiments, brigades et divisions, pour constituer, dans une guerre offensive, des réserves stratégiques de l'armée d'opération, fournir des garnisons à l'étranger, et des corps de siège pour attaquer les places fortes ennemies laissées en arrière.
L'effectif complet de guerre des bataillons de landwehr de la garde et de grenadiers de landwehr de la garde est d'environ 800 hommes ;
celui des bataillons de landwehr provinciaux de 700 hommes à peu près;
— une compagnie de chasseurs de landwehr a environ 250 hommes;
— un régiment de cavalerie de landwehr 600 hommes;
— une batterie de sortie compte six bouches à feu.
On forme en outre 8 à 16 compagnies d'artillerie de garnison.

L'infanterie de garnison d'un corps d'armée se compose en moyenne de :
- 17 bataillons à 700 hommes 11.900,
- d'une compagnie de chasseurs 250,
Total : ...........12.150
ou, en nombre ronds, 12.000 hommes, ce qui donne pour 12 corps d'armée 144.000 hommes.

La cavalerie de garnison d'un corps d'armée est d'environ 1.200 combattants, ce qui fait pour 12 corps d'armée 14.400 hommes.

Les batteries de sorties d'un corps, d'armée donnent 18 pièces, ainsi pour les 12 corps 216 bouches à feu.

A l'infanterie de garnison s'ajoutent encore les 12 bataillons de landwehr de la garde, avec 9.600 hommes.
L'armée de garnison est donc forte d'environ 168.000 hommes d'infanterie et de cavalerie, avec 216 bouches à feu.

boite verte

boite verte  Service :

D'après la constitution de la Confédération allemande du Nord, tout Allemand est obligé au service militaire et ne peut se faire remplacer. S'il est susceptible de porter les armes, il appartient pendant 7 ans a l'armée permanente, généralement depuis l'âge de 20 ans révolus, jusqu'au commencement de sa 28e année ; puis il reste 5 ans dans la landwehr, jusqu'au commencement de sa 33e année.
Des sept premières années de service, trois se passent sous les drapeaux, les quatre autres dans la réserve, pendant lesquelles le soldat est généralement en congé.
En cas de guerre, les hommes de la réserve servent à mettre tout d'abord l'armée d'opération sur le pied de guerre ; — ensuite, des hommes de la réserve, de nouvelles recrues, et, si cela est nécessaire, des hommes de la landwehr servent à former les corps de troupes de remplacement (dépôt) ; — enfin les hommes de la landwehr, sauf les exceptions concernant les armes spéciales, servent à former les troupes de garnison.

grand-duché de Hesse-Darmstadt

boite verte

boite verte  Grand-duché de Hesse-Darmstadt :

La position particulière qu'avait vis-à-vis de la Confédération du Nord le grand-duché de Hesse-Darmstadt, avec un pied dans l'Allemagne du Nord et l'autre dans l'Allemagne du Sud, provoqua aussitôt le traité du 7 avril 1867, d'après lequel toutes les troupes hessoises formaient une division particulière, avec le n°25, et étaient incorporées dans le 11e corps de l'armée allemande du Nord.

La division de la Hesse-Darmstadt, 25e division allemande, apporte à l'armée d'opération :
- 4 régiments d'infanterie à 2 bataillons,
- 2 bataillons de chasseurs,
- 2 régiments de cavalerie à 5 escadrons,
- 2 divisions d'artillerie formant ensemble 6 batteries (2 batteries à pied de 6, et 4 batteries de 4 dont 3 à pied, 1 à cheval),
- 1 compagnie de pionniers et 1 division du train,
Cela fait en troupes de campagne 10 bataillons et 8 escadrons, ou 11.200 hommes d'infanterie et de cavalerie avec 36 bouches à feu.
Les troupes de dépôt consistent en 4 bataillons d'infanterie, 2 compagnies de chasseurs, 2 batteries avec 8 canons, 1 division de pionniers et 1 détachement du train, et en outre les cinquièmes escadrons des deux régiments de cavalerie ; ce qui donne en deuxième ligne 4.800 hommes d'infanterie et de cavalerie, avec 8 pièces de canon.
En troupes de garnison, la Hesse-Darmstadt a 6 bataillons de landwehr. Le pays est partagé en 4 districts de régiment dont deux ne fournissent qu'un bataillon chacun. Conformément à ce qui a lieu en Prusse, il se joint à ces bataillons 2 compagnies de chasseurs et 1 régiment de cavalerie, ainsi qu'une batterie de sorties de 6 pièces; ce qui fait 5.100 hommes d'infanterie et de cavalerie, avec 6 bouches à feu.

boite verte

boite verte  Bavière, Wurtemberg et Bade :

Les trois Etats allemands du Sud, Bavière, Wurtemberg et Bade, s'accordèrent en février 1867 pour prendre le système prussien comme base de l'organisation de leur armée. Bade avait adopté ce système depuis longtemps ainsi que le fusil à aiguille. Cette arme fut bientôt introduite dans le Wurtemberg pour l'armement de l'infanterie ; la Bavière au contraire suivit sa propre voie en transformant le fusil Podewill en une arme imparfaite se chargeant par la culasse, puis en adoptant une arme nouvelle en 1869, le fusil Werder. La fabrication du nombre nécessaire de fusils Werder n'était pas encore terminée lorsque éclata la guerre de 1870. Les Bavarois s'éloignent encore des Prussiens dans l'uniforme de leurs troupes et leur règlement d'exercice, mais leur formation générale est imitée du système prussien.

L'armée bavaroise compte en troupes de campagne :
- 16 régiments d'infanterie à 3 bataillons,
- 10 bataillons de chasseurs,
- 10 régiments de cavalerie à 5 escadrons (4 de guerre), savoir :
- - 2 régiments de cuirassiers,
- - 6 régiments de de chevau-légers et
- - 2 régiments de de uhlans,
- 4 régiments d'artillerie à 8 batteries de campagne et 5 batteries de places ; le 2e et le 3e régiment ont chacun deux batteries à cheval parmi leurs batteries de campagne.
- 1 régiment du génie, avec 2 divisions de campagne à 3 compagnies, et 4 compagnies de places.
Les 58 bataillons d'infanterie et de chasseurs donnent 58.000 hommes ; les 40 escadrons mobilisés 6.000 hommes ; ce qui fait 64.000 hommes d'infanterie et de cavalerie, avec 192 bouches à feu.
Les troupes de dépôt consistent, d'après le système prussien, en 16 bataillons d'infanterie, 10 compagnies de chasseurs, ou 18.500 hommes ; 10 escadrons ou 1.500 chevaux ; 8 batteries et 2 compagnies du génie; c'est-à-dire 20.000 d'infanterie et de cavalerie, avec 48 canons.
Les troupes de garnison se composent de 32 bataillons de landwehr, 22.400 hommes, auxquels s'ajoutent les compagnies d'artillerie et du génie de places ci-dessus mentionnées.

Le corps wurtembergeois a, en troupes de campagne :
- 8 régiments d'infanterie à 2 bataillons et 3 bataillons de chasseurs,
- 4 régiments de cavalerie à 4 escadrons,
- 1 régiment d'artillerie de campagne à 3 divisions, chacune de 3 batteries, 2 compagnies de pionniers,
ce qui fait en tout 21.400 hommes d'infanterie et de cavalerie, avec 54 touches à feu.
En troupes de dépôt :
- 4 bataillons d'infanterie,
- 1 bataillon de chasseurs,
- 4 escadrons,
- 3 batteries de dépôt à 4 pièces,
ou 5.200 hommes d'infanterie et de cavalerie, avec 12 pièces de canon ;
En troupes de garnison (au commencement de 1870), 6 bataillons de landwehr, 4.200 hommes, et une division d'artillerie de places avec 4 compagnies.

Le corps badois a, en troupes de campagne :
- 6 régiments d'infanterie à 3 bataillons,
- 3 régiments de dragons à 5 (4) escadrons,
- 1 régiment d'artillerie de campagne de 9 batteries,
- 1 division de pionniers et 1 division du train,
ce qui fait 19.800 hommes d'infanterie et de cavalerie, avec 54 pièces de canon;
En troupes de dépôt:
- 3 bataillons,
- 3 escadrons et une batterie,
ou 3.450 hommes d'infanterie et de cavalerie et 6 pièces de canon ;
En troupes de garnison :
10 bataillons et un escadron de landwehr, plus une division d'artillerie de places de 5 compagnies,
ce qui fait environ 7.000 hommes d'infanterie et de cavalerie avec 6 pièces de campagne (pour les sorties).

boite verte

boite verte  Forces en présence :

Il est maintenant intéressant de comparer les forces de l'Allemagne a celles de la France.
L'Allemagne a de troupes de campagne 518.000 hommes d'infanterie et de cavalerie, avec 1.506 canons.
La France ne peut leur opposer que 285.000 hommes d'infanterie et de cavalerie avec 984 canons, pas beaucoup plus de la moitié.
L'Allemagne a 161.000 hommes de troupes de remplacement (infanterie et cavalerie) ; la France n'a que 91.000 hommes de troupes de dépôt.
L'Allemagne a 187.000 hommes de troupes de garnison; la France n'a rien à leur opposer, car la garde mobile qui doit remplir ce service n'est pas encore organisée.
... Ces chiffres montrent clairement l'immense supériorité des forces de terre de l'Allemagne.
... Il n'y a pas en France de véritable organisation militaire. Quand nous parlons d'organisation militaire, nous n'entendons pas que tous les soldats restent toujours sous les drapeaux, — ce n'est point le cas en Allemagne,— mais nous voulons que tout homme qui doit servir comme soldat soit exercé militairement et connaisse sa place dans l'armée.
Or ces conditions n'étaient pas satisfaites en France. Le second Empire avait trop fait pour l'armée permanente qui peut toujours être faible, mais beaucoup trop peu pour grossir cette armée en cas de guerre.

Même sous Louis-Philippe, l'organisation militaire valait mieux sous ce rapport. Alors en effet la garde nationale sédentaire était organisée par toute la France. Bien qu'elle ne fût pas autre chose qu'une garde civile, elle permettait néanmoins de donner une éducation militaire élémentaire à toute la population mâle, et particulièrement aux classes riches et éclairées qui se rachetaient du service dans l'armée active.
En outre la loi avait prévu la formation de détachements mobilisés de la garde nationale ; ces détachements se formaient facilement, et, avec la masse d'hommes que renfermait la garde nationale, ces mobilisés pouvaient fournir une bonne armée de réserve, pour être employée d'abord à l'intérieur.
Napoléon III avait supprimé la garde nationale, et elle n'existait plus qu'incomplète dans un petit nombre de villes. Les bons partisans de l'Empire se faisaient encore remplacer dans le service de la garde nationale. Le propriétaire qui était commandé de garde mettait son domestique dans son uniforme de garde national et l'envoyait monter la garde à sa place.

boite verte

boite verte  Organisation :

Voici quelles sont en Allemagne les bases de l'organisation d'une armée active ; elles répondent complètement à l'organisation en temps de paix, et l'on n'y fait jamais que des changements sans importance.

- Un corps d'armée mobilisé se compose de deux divisions d'infanterie, une division de cavalerie et une réserve d'artillerie ;
- Une division d'infanterie renferme deux brigades d'infanterie, un régiment de cavalerie divisionnaire et une division d'artillerie à pied de 4 batteries ;
- Une brigade d'infanterie comprend généralement deux régiments ou 6 bataillons ;
- Une division de cavalerie renferme deux brigades, chacune de deux régiments, et une batterie à cheval. En 1870, on forma des divisions de cavalerie, indépendantes des corps d'armée, et quelques-unes très-fortes, ayant jusqu'à 9 régiments.
- La réserve d'artillerie compte deux batteries à cheval et une division à pied, en tout six batteries.