Bataillon n'appartenant pas à l'armée de la Loire

Extraits du livre de Jules Gilbert :


Dessin de Cholet, 1891

Samedi 27 août 1870

Le 5e bataillon de la Garde nationale mobile des Côtes-du-Nord, bien que créé depuis deux ans (loi de 1868), se réunit à Saint-Brieuc pour la première fois; il est composé des jeunes gens de 20 à 25 ans, domiciliés dans huit des cantons de l'arrondissement de Saint-Brieuc et ne faisant pas partie de la première partie du contingent; il comprend aussi des engagés volontaires.

Les officiers ont été nommés par décret il y a plusieurs mois, et leur cadre est complet. Il n'en est pas de même de celui des sous-officiers et caporaux; le commandant comble les vides en prenant, soit des anciens sous-officiers et caporaux rappelés au régiment d'infanterie en garnison à Saint-Brieuc, soit des gardes, même non exercés, qui lui paraissent aptes à se mettre rapidement au courant du métier des armes et du commandement.

M. Geslin de Bourgogne, ancien officier démissionnaire, chevalier de la Légion d'honneur, est commandant du bataillon.

Le docteur Frogé fils, ancien médecin démissionnaire de la marine, chevalier de la légion d'honneur, en est le médecin-major. Les autres officiers sont répartis comme suit dans les huit compagnies dont est formé le bataillon :

Les six premières compagnies sont casernées au Lycée, les deux autres au séminaire. Les mobiles vivent à l'ordinaire par compagnie.

L'habillement est des plus simples et des plus légers; il consiste en une blouse grise avec pattes en drap rouge, col et poignets rouges, pantalon bleu à bandes rouges, képi fond noir avec bande et liserés rouges. Au lieu d'une blouse, les sous-officiers et les caporaux ont une tunique a deux rangées de boutons, collet et parements rouges.

Un étui-musette en toile constitue l'équipement. Quant à l'armement il est tel, que les officiers demandent qu'il soit remplacé par des bâtons dont les hommes tireront un meilleur parti que de fusils défectueux.

L'organisation du bataillon est poussée avec la plus grande activité, aussi donne-t-elle beaucoup de mal à tous ceux qui s'en occupent. Chaque jour des situations et des rapports, en grand nombre, sont demandés par le conseil d'administration, qui est commun aux cinq bataillons des Côtes-du-Nord et à l'artillerie de la garde mobile.

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Dimanche 4 septembre.

La république est proclamée au lieu et place de l'empire; de ce fait, les troupes sont consignées.

Mercredi 7 septembre.

Tous les jours derniers, il y a eu exercice par compagnie sur le Champ-de-Mars; aujourd'hui il n'en est pas de même à cause des préparatifs de départ.

La reddition de tous les comptes se fait dans la journée, et le bataillon obtient un quitus complet avant de prendre le train.

Les sept premières compagnies partent pour Paris à dix heures du soir; un train spécial leur est affecté. Elles sont conduites à la gare par la 8e compagnie, qui reste à Saint-Brieuc, et va former le dépôt avec la dernière compagnie des quatre autres bataillons, par l'artillerie de la Mobile, les pompiers de la ville et leur musique.

Inutile de dire que les familles accompagnent les leurs jusque sur le quai de la gare, que les coeurs sont serrés et les yeux bien humides. Tout Saint-Brieuc est sur pied.

Le train siffle, la machine se met en marche, et à la grâce de Dieu !

L'effectif au départ comprend :

Commandant 1 )
Médecin-major 1 )
Officier de compagnie 21 ) 23
     
Adjudant 1 )
Sergents-majors 7 )
Sergents-fourriers 7 )
Sergent de section 21 ) 36
     
Caporaux   56
Tambours   14
Gardes   1092
Soit un total de :   1221

Soit un total de 1221 pour les sept premières compagnies.

Combien reviendrons-nous ?

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