Uniforme
   

 

Extraits des

SOUVENIRS DE MON BATAILLON
Notes d'un caporal aux Volontaires de l'Ouest

Onze articles parus dans "La Revue de Bretagne, de Vendée et d'Anjou" en 1894 et 1895

par Henry des Salles (01/12/1855-?), petit fils de du général Louis Nestor de Potier (?-26/04/1871)

La forme de la tenue était la même pour tout le monde, depuis le colonel jusqu'au dernier clairon : veste sans col et ouverte par devant, plastron, pantalon bouffant et ceinture rouge. Le drap était gris avec les passepoils rouges pour la troupe, bleu clair pour les officiers avec les passepoils noirs.
Nous n'avions qu'une seule coiffure, le képi, dont la visière et la jugulaire étaient surmontés d'un cor de chasse en métal. Les toques de grande tenue avaient été supprimées. Nos anciens assuraient pourtant qu'elles étaient d'un bel effet sur le sac, lorsqu'elles y recouvraient la gamelle. Elles étaient en astrakan noir, avec le fond rouge et une aigrette sur le devant.
Quelques-uns de nos camarades arborèrent. la chechia, mais ils ne furent pas imités. Elle n'allait bien qu'au sergent Fernand de Moussac, à qui son opulente barbe blonde faisait une superbe tête de zouave classique.
Le plastron ne se boutonnait pas par devant comme un gilet, mais sur le côté, au moyen de pattes.
Le pantalon était bouffant ; il avait les deux jambes séparées, au lieu de former jupon, comme celui des zouaves d'Afrique. Le bas de chaque jambe était froncé sur une jarretière qui se boutonnait au jarret.
La taille était prise dans une large ceinture rouge, longue de plusieurs mètres, et dans laquelle, il fallait se faire enrouler par un camarade, si l'on voulait être bien ficelé.
Les officiers portaient des bottes molles plissées. Leurs galons de grade étaient en or. Ils les portaient sur les manches en nœuds hongrois, disposition adoptée depuis pour toutes les armes, mais qui n'était alors usitée que pour les officiers de zouaves et de turcos.
Nos galons de grade étaient également en or pour les sous-officiers et en laine rouge pour les caporaux et premiers soldats ; nous les portions en chevron, comme dans la cavalerie.
Nous portions aussi en épinglette au côté gauche de la veste et pareille aux épinglettes de tir une petite broche en cuivre ciselé représentant les clefs de saint Pierre surmontées de la tiare. Beaucoup de Vendéens remplaçaient l'emblème pontifical par un sacré Cœur en argent.
Le corps nous fournissait des godillots, mais on nous laissait libres de porter des chaussures quelconques, pourvu qu'elles fussent solides et achetées à nos frais. Pendant la campagne, nous portions des guêtres de toile ou de cuir, des molletières de chasse, voire même des bottes ; mais après la campagne, les guêtres blanches furent de rigueur. Pour les avoir bien blanches et moulant exactement le mollet, il fallait d'abord les mettre et les boutonner par dessus les souliers bien cirés. On les mouillait ensuite du haut en bas, puis on les enduisait d'une forte couche de blanc d'Espagne.
Au bout d'une demi-heure à peu près , le séchage était complet et le coup d'œil des plus satisfaisants, mais notre camarade Fontaine, l'aide-major, n'avait pas eu tout à fait tort, sans doute, de baptiser ce procédé du nom de " méthode du rhumatisme en bouteille ", car j'en connais plusieurs (je ne les nommerai pas), qui lui attribuent de légères fraîcheurs aux os des jambes, dont ils sont parfois incommodés.
On ajoutait aux guêtres des molletières lacées que les élégants se faisaient confectionner en drap jaune liseré de cuir verni.
Enfin, la tenue était complétée par un manteau droit, à capuchon, doublé de rouge, mais tout uni, avec deux rangées de boutons dorés pour tout ornement. En ville, lorsqu'on ne le mettait pas, on le portait sur l'épaule, les boutons apparents.
J'arrivai au magasin d'habillement assez à temps pour hériter d'une belle tenue rapportée d'Italie; à la fin de la campagne, elle était encore en bon état, alors que la plupart de celles faites à la hâte en France avec tous les draps plus ou moins gris que l'on avait pu se procurer tombaient en lambeaux.
On ne me donna pas de manteau. Beaucoup d'autres volontaires ne reçurent, au contraire, que des manteaux et pas de vestes.
Ma mère me fit faire, en beau drap gris très solide, une superbe capote pareille à celles de la ligne et dont les basques se relevaient à volonté.
En terminant cette rapide description, je dirai quelques mots de la teinte grise de nos uniformes, dont le principal avantage était de nous rendre invisibles à courte distance.
A la campagne, nous nous confondions avec les terres; à la ville, nous tranchions à peine sur les murs.
Cependant, je ne connais pas de tenue plus élégante et de meilleur goût. Il est donc possible de trouver quelque chose de joli et de pratique à la fois. On n'a pas l'air de s'en douter en France. Nous semblons encore y prendre à tâche, pour nos costumes militaires, de choisir les couleurs voyantes les plus susceptibles de constituer des cibles parfaites pour les armes à longue portée. Est-il permis de le déplorer ?


Volontaires de l'ouest - salon de 1912

 

Noms cités

Aubineau
Aubeau, caporal
d'Auderic
d'Aubermesnil
d'Albiousse, major
Bleynie
Bodinat
Bodin, lieutenant
Boudart
de Beaurepaire, Pierre
Bodard du Bourg
de Bouillé, Jacques
de Bouillé, Henri
Bridel, Emile, caporal
Briot de la Crochais
de Bessay
Bois-Joly
Boussés de Fourcaud
Boyer Beaurepaire
Cossé-Brissac
Château-Rocher
Curzay
Camane, sergent
Chaillou
Chevigné
de Couëssin, commandant
de Cacqueray, Edgar
de Cacqueray, René
de Coislin
des Courtis, Maxime, cousin de l'auteur
des Courtis, Raoul, sergent, cousin de l'auteur
de Charette, lieutenant-colonel , chef des VO
de Curzay, Henry
de Claye, Anatole
Des Cormis, sergent
Dieppedale
Dorézami-Moudéliar
Diamant
Delaval
Dekeukeler
Daougabel
Dronioux
d'Exéa
Edon
Estève
Fontaine, aide-major
de Fournas, Henry
de Fumel, capitaine
de Falaiseau, capitaine
Faury
de la Geneste
Goullias
Grimault
Guyot
Génisson
Cyrille des Grottes
Gouin d'Ambrières, caporal
de Harscouët, lieutenant
d'Humières
de Hillerin, Georges
Jouan du Saint
de Kersabiec, Hervé, lieutenant
Kinf, abbé, vicaire de Sainte-Radegonde, ancien sergent aux ZP
Lamaze
La Couture
Lansade
Leroux du Minehy
Lur-Saluces
Laliman de Labrador, Manuel
Lequintrec

Legal, abbé
de Lautrec, colonel
Lafond, officier de ZP, fils du peintre Lafond, conservateur du musée de Tours
de Lusignan, Adhémar
Missiessy
Moussac
Mahé
Mesnard
Maigne, Charles
du Moulin de la Barthète, Pierre
Niel, capitaine
de Panat, Samuel, caporal
Poulpiquet
Prod'homme, caporal
Rivière
Rochebrune
Rolland
Royer, Lionel
de Suyrot, abbé
de Sabran , Emmanuel, officier
Solages
Stofflet, Edmond
de Sèze, Victor
de Sèze, Romain
de Sèze, Aurélien
de Sartre, Paul
Simon, sergent major
Tenaillon, officier
Trogoff
Tubé, Gaston
de Vallois, Gustave
Van Ymbeeck
du Vignaux, caporal
Voisins
Vassal