DÉMARCHES DU GOUVERNEMENT ET DES HOMMES POLITIQUES
Sources : Romagny, Du Casse.
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Juillet :
3 juillet : Les journaux français annoncent que le prince Léopold de Hohenzollern, parent du roi de Prusse, est candidat au trône d'Espagne.
6 juillet : Le duc de Gramont, ministre des affaires étrangères, interpellé au sujet de cette candidature Hohenzollern, déclare à la tribune du Corps législatif que "le gouvernement ne souffrira pas qu'une puissance étrangère place un de ses princes sur le trône de Charles-Quint et mette ainsi en péril les intérêts et l'honneur de la France".
11 juillet : Le prince Léopold retire sa candidature au trône d'Espagne.
12 juillet : Le gouvernement français demande que le roi de Prusse s'engage à ne pas autoriser de nouveau cette candidature, le cas échéant.
13 juillet : Le roi Guillaume approuve le désistement du prince Léopold, mais refuse catégoriquement de prendre des engagements pour l'avenir. L'ambassadeur français Benedetti insiste pour obtenir une nouvelle audience. Le roi lui fait répondre "qu'il n'a rien de plus à lui communiquer".
14 juillet : Rappel des réserves françaises. - Vices et désordres de la mobilisation. Les portions actives des régiments sont jetées, sans leurs réservistes, vers la frontière nord-est, où l'on forme presque au hasard les unités plus fortes (brigades, divisions et corps d'armée), non constituées dès le temps de paix. Pénurie des approvisionnements. Mauvais emploi des chemins de fer. Enormes déchets dans les effectifs. Désarroi de l'administration.
15 juillet : Le roi de Prusse ordonne la mobilisation des forces militaires de la Confédération de l'Allemagne du Nord.
16 au I9 juillet : Les Etats du Sud, Bade, Hesse, Bavière et Wurtemberg, se joignent à la Confédération du Nord et mobilisent leurs troupes.
19 juillet : Le chargé d'affaires à Berlin, M. Le Sourd, remet au gouvernement prussien la déclaration de guerre officielle du gouvernement français.
27 juillet : L'empereur Napoléon III quitte Paris, laissant la régence à l'impératrice Eugénie. - Il est accompagné de son fils, le prince impérial.
Août :
7 août : Convocation extraordinaire des Chambres à Paris pour le 14 août d'abord, puis pour le 9 août.
9 août : Réunion des Chambres. Chute du ministère Emile Ollivier. - Séance pénible. L'opposition attribue hautement les défaites à l'incapacité de l'Empereur et de son major général, maréchal Le Boeuf. L'Empire est sérieusement ébranlé.
10 août : Constitution d'un nouveau ministère sous la présidence du général Cousin de Montauban, comte de Palikao.
16 août : L'Empereur quitte Metz. - Il est accompagné de son fils et escorté par la brigade Margueritte, des chasseurs d'Afrique; il se rend au camp de Châlons en passant par Etain et Verdun.
Septembre :
4 sept : A la nouvelle des événements de Sedan, Proclamation de la République à Paris; dissolution des Chambres ; fuite de l'Impératrice-Régente en Angleterre. Les députés de Paris s'érigent eux-mêmes en un Gouvernement de la Défense nationale dont le général Trochu accepte la présidence, tout en restant gouverneur de Paris et commandant des forces militaires.
12 sept : Une Délégation du gouvernement
s'établit à Tours. - Le gouvernement a résolu de rester dans Paris,
dont le siège est imminent.
Délégation en province chargée d'administrer
les départements : Crémieux, Glais-Bizoin et le vice-amiral Fourichon.
Ce dernier, assisté du général Lefort (délégué à la guerre), est à la fois
ministre de la guerre et de la marine.
13 sept : Départ de Thiers pour Londres.
19-20 sept : Négociations de Ferrières - Jules Favre,
ministre des affaires étrangères, se rend au quartier
général allemand pour offrir de traiter.
Exigences formulées par Bismarck : cession de territoires,
reddition des places fortes du pays envahi, grosse indemnité de guerre, etc
Impossibilité de s'entendre : les négociations sont rompues.
Dans sa proclamation du 21 septembre, le gouvernement déclare qu'il ne cédera
" ni un pouce de notre territoire, ni une pierre de nos forteresses ".
19 sept : A Paris, la garde nationale mobile procède
à l'élection de ses officiers.
- Procédé de nomination imité de la Révolution et
rétabli par décret du gouvernement en date du 16 septembre.
Octobre :
10 oct : Gambetta, parti de Paris en ballon le 7,
arrive à Tours. - Ministre de l'intérieur, il supplante en fait ses vieux collègues
Crémieux et Glais- Bizoin.
Fourichon ayant démissionné, Gambetta se charge du ministère de la guerre ;
il s'adjoint M. de Freycinet comme délégué à la guerre.
Pendant quatre mois, il va exercer dans les départements une véritable dictature,
lever, équiper et armer près d'un million d'hommes qui, malheureusement,
ne sont pas des soldats.
31 oct au 6 nov. : - Négociations de Versailles en vue
d'un armistice entre Thiers et Bismarck.
Ce dernier consent à l'armistice, mais refuse le ravitaillement de Paris pour
une durée proportionnelle.
Les négociations sont rompues.
31 oct : Emeute à Paris. - La Commune est un instant
proclamée, à la suite des mauvaises nouvelles : insuccès du Bourget,
capitulation de Metz, bruits d'armistice, fondés sur les allées et venues de
Thiers au quartier général allemand de Versailles.
Trochu et les ministres sont, durant plusieurs heures, prisonniers des insurgés de
Flourens, à l'Hôtel de Ville.
Quelques bataillons fidèles de la garde nationale délivrent le gouvernement.
Celui-ci se soumet à un plébiscite parisien.
Novembre :
3 nov : Plébiscite parisien. - 560,000 oui contre 60,000 non
se prononcent pour le maintien des pouvoirs du Gouvernement de la Défense nationale.
Le gouverneur emploie les jours suivants à réorganiser les forces militaires
en trois armées distinctes :
1° garde nationale, général Clément Thomas ;
2° armée active proprement dite, général Ducrot, destinée aux grandes sorties ;
3° mobiles, général Vinoy, affectée aux diversions.
Il y a en plus le corps de Saint-Denis, vice-amiral la Roncière le Noury.
Le gouverneur et Ducrot préparent minutieusement une grande sortie par la Basse-Seine,
rive droite.
Leur projet sera modifié, sous la pression de l'opinion publique, à la nouvelle
du succès de Coulmiers: l'armée de sortie (Ducrot) se reportera alors
de l'ouest à l'est, de Gennevilliers à Charenton-Vincennes,
afin de tendre plus directement la main à l'armée de la Loire qu'on
suppose arriver par Fontainebleau.
Décembre :
8 déc : La Délégation quitte Tours et va s'installer à Bordeaux, afin de n'être plus à la merci d'un coup de main de l'ennemi.
Janvier :
18 janv : Proclamation de l'Empire allemand,
à Versailles.
- Le roi Guillaume de Prusse est reconnu Empereur allemand
par les princes et Etats des deux Confédérations du Nord et du Sud.
Celles-ci cessent donc d'exister.
22 janv. : Nouvelle émeute
dans Paris, conséquence de la défaite de Buzenval et de la
perpective d'une capitulation.
Suppression du titre et des fonctions de
gouverneur de Paris.
Trochu reste le chef du gouvernement, mais le général
Vinoy est nommé
commandant en chef de toutes les forces militaires.
26 janv : Suspension d'armes applicable à Paris seulement, en attendant le résultat des négociations engagées à Versailles, entre Bismarck et Jules Favre, en vue de la conclusion d'un armistice général.
28 janv : Signature d'un
armistice général de vingt et un jours, et capitulation de Paris.
Conditions : Reddition de la capitale, de ses forts et du matériel de guerre ;
l'armée de Paris prisonnière de guerre, moins la garde nationale et une division
de l'armée active; payement d'une contribution municipale de 200 millions.
Restrictions : l'armistice n'est valable pour les départements qu'à dater du 31 ;
il n'est pas applicable à la région de l'Est.
Jules Favre omet de mentionner ces deux
restrictions dans la communication télégraphique qu'il fait à la Délégation
de Bordeaux.
29 janv : Décret du gouvernement (de Paris) qui convoque les électeurs pour le 8 février, à l'effet d'élire, au scrutin de liste par département, les 753 députés appelés à former une Assemblée nationale.
Février :
6 fév : Démission de Gambetta. - Le gouvernement
de Paris, qui ne voyait que la capitale et voulait la paix, était en désaccord
aigu avec la Délégation de Bordeaux, qui voulait la guerre à outrance,
d'accord en cela avec les généraux les mieux placés pour juger.
La Délégation est dissoute. Gambetta, quoique ministre de l'intérieur
du gouvernement du 4 septembre, résigne toutes ses fonctions
et se retire en Espagne.
8 fév : Elections générales dans toute la France.
- Thiers est élu dans 29 départements, Gambetta dans 9, Garibaldi dans 4, etc.
Sont également élus deux des fils du roi Louis-Philippe : le prince de Joinville
et le duc d'Aumale.
12 fév : Réunion de l'Assemblée nationale à Bordeaux.
15 fév : Prorogation de l'armistice jusqu'au 26 février.
17 fév : L'Assemblée nationale, présidée par Jules Grévy, confie à Thiers le titre et les fonctions de chef du Pouvoir exécutif, et le charge d'entamer et de poursuivre des négociations avec l'Allemagne, en vue du rétablissement de la paix.
26 fév : Conclusion des préliminaires de la paix, à
Versailles, entre Thiers, assisté de Jules Favre, et le chancelier allemand von
Bismarck.
Clauses essentielles : cession de l'Alsace-Lorraine, payement d'une
indemnité de 5 milliards, occupation du territoire comme garantie de ce payement,
qui devra être complètement effectué en 1875, etc.
Seconde prorogation de
l'armistice, jusqu'au 12 mars, avec cette clause spéciale que 30,000 Allemands
entreront à Paris le 1er mars et y séjourneront jusqu'à l'échange des
ratifications du traité préliminaire.
Mars :
1er mars : L'Assemblée nationale ratifie le traité
préliminaire, malgré les protestations des députés alsaciens-lorrains, par 546
voix contre 107.
Elle proclame solennellement la déchéance de Napoléon III et
de sa dynastie, qu'elle déclare responsables du démembrement de la France.
Les députés alsaciens-lorrains et quelques autres démissionnent.
Occupation partielle de Paris par 30,000 Allemands qui ont été passés
en revue le matin, même par l'empereur Guillaume, à Longchamps.
" L'entrée dans
la capitale de l'ennemi s'effectua drapeaux déployés, au bruit des musiques
militaires jouant la marche déjà exécutée en semblable occasion en 1814. "
(Relation de l'état-major allemand.)
18 mars, Proclamation de la Commune à Paris. - Le gouvernement quitte la capitale et va s'établir à Versailles, où l'Assemblée, se trouvant mal placée à Bordeaux et ne voulant pas rentrer à Paris, doit venir s'installer le surlendemain.
20 mars. L'Assemblée nationale s'installe à Versailles.
Mai :
10 mai : Conclusion du traité de paix définitif à Francfort-sur-le-Mayn, sur les bases consenties dans le traité préliminaire.
18 mai : L'Assemblée nationale ratifie le traité de
Francfort, déjà ratifié le 16 par l'empereur allemand.
L'échange officiel des
ratifications a lieu le 20 mai à Francfort.
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Le 16 septembre 1873, les dernières troupes allemandes d'occupation
quittent la France et repassent la nouvelle frontière.
Ce dernier corps d'occupation était commandé par Manteuffel; il
avait évacué Verdun, gage extrême, trois jours auparavant, le 13 septembre 1873.