Correspondances, décrets et proclamations

 
   

Général Joseph de la Motte-Rouge
(1804 - 1883)

Lettre de nomination - 13 septembre 1870

Instructions - 14 septembre 1870

Lettre de nomination de l'amiral Fourichon - 17 septembre 1870

Lettre de révocation - 11 octobre 1870

Lettre de nomination du général d'Aurelle - 13 octobre 1870

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Source : "Un mois de commandement au 15e corps", général de la Motte Rouge, Orléans - Herluison 1889


 

 

Lettre de nomination - 13 septembre 1870

Ministère de la Guerre, Paris, le 13 septembre 1870.

Général, j'ai l'honneur de vous informer que vous êtes nommé au commandement du 15e corps d'armée. (Quartier général à Tours.)
Vous prendrez sur-le-champ possession de ce commandement.
Recevez, Général, l'assurance de ma considération la plus dislinguée.

Le Ministre de la guerre, Général LE FLÔ.

 

Instructions - 14 septembre 1870

Ministère de la Guerre, Paris, le 14 septembre 1870.

Mon cher Général,

Le gouvernement de la Défense nationale vous a confié, sur ma proposition, le commandement du 15e corps d'armée qui va se former en arrière de la Loire. Le général Borel sera votre chef d'état-major général.
Vos forces en infanterie comprendront :
1) Trois régiments de zouaves en formation à Antibes, Montpellier et Avignon.
2) Un régiment de marche de tirailleurs algériens, composé d'un bataillon pris dans chaque province.
3) Un régiment étranger de marche, constitué avec deux bataillons tirés d'Algérie et avec le 3e bataillon en formation à Tours.
4) Quatre régiments d'infanterie de ligne (16e, 38e, 39e et 92e) rentrant d'Afrique, dont vous renforcerez les effectifs avec les éléments pris dans les dépôts de ces corps.
5) Cinq régiments de marche formés avec des compagnies tirées des dépôts d'infanterie en France.

Il vous appartient d'organiser ces forces, dont l'effectif s'élèvera à 40,000 hommes environ, en trois divisions. Vous répartirez entre chacune d'elles et par portions à peu près égales, les corps qui, vous arrivant tout constitués, présentent plus d'homogénéité que les autres, tels que les quatre régiments d'infanterie et le régiment de marche des tirailleurs algériens.
Je ne puis mettre à votre disposition, en ce moment, que six généraux de brigade; il faudra donc que vous fassiez provisoirement commander les divisions par des généraux de brigade, sauf à laisser leurs brigades à des colonels.
Votre quartier général sera d'abord établi à Tours. Il est indispensable que vous puissiez vous concerter, d'une manière suivie, avec M. le général Lefort, secrétaire général du ministre de la Guerre et qui aura les mêmes pouvoirs que moi, lorsque nos communications seront coupées avec le dehors. Vous déterminerez, à votre tour, les quartiers généraux de vos trois divisions, et vous vous concerterez avec le commandant territorial et surtout avecle général commandant la 9e division militaire, pour que les troupes mentionnées ci-dessus soient dirigées, au fur et à mesure de leur arrivée, sur les points que vous aurez choisis.
En fait de cavalerie, vous aurez sous peu de jours, à Tours, quatre régiments (6e hussards, 6e dragons, 9e cuirassiers et 1er de marche de cuirassiers); de plus le général Michel est chargé de l'organisation d'une brigade comprenant le 2e lanciers, actuellement à Napoléonville, le 5e lanciers, pris à Poitiers, et le 3e régiment de marche de dragons, en formation à Limoges.
En outre, le général de Nansouty s'occupe de la reconstitution du 7e chasseurs à Carcassonne et du 4e chasseurs à Avignon.
Ces deux brigades reçoivent l'ordre de se diriger sur le Mans aussitôt qu'elles seront prêtes et de se réunir sous le commandement du général Michel.
Enfin, je fais procéder à la formation du 1er régiment de marche de hussards, et du 2" régiment de marche de cavalerie mixte, qui sont destinés à être placés sous les ordres du général Tripart. Dès que l'organisation de ces régiments permettra leur déplacement, vous les dirigerez sur Bourges ou sur tout autre point que vous désignerez, après vous être concerté avec le général Lefort.
L'ensemble des forces de votre cavalerie s'élèvera donc à 12 régiments.
Pour ce qui est des troupes de l'artillerie et du génie, je vous ferai connaître ultérieurement les ressources que je pourrai mettre à votre disposition. J'ai lieu d'espérer qu'elles seront largement en proportion avec vos forces d'infanterie et de cavalerie.
Tant que les communications existeront avec Paris, vous recevrez de moi des instructions sur la ligne générale de conduite que vous aurez à tenir, mais une fois qu'elles seront interceptées, vous serez libre de vos mouvements, sauf à recourir, pour tous les mouvements d'organisation, à l'intervention du ministre intérimaire siégeant à Tours et au général Lefort.
Arrivé à Tours, où sera établi votre premier quartier général, vous enverrez aussitôt à Orléans une brigade de cavalerie légère ou mixte prise dans votre division. Vous donnerez au commandant de cette brigade et aux colonels qui la composent, les instructions les plus formelles et les ordres les plus sévères, pour que le service de reconnaissance qu'ils sont appelés à faire, soit exécuté non seulement d'une façon sérieuse, mais même avec audace.
Je ne saurais admettre que des régiments de notre armée se retirent jamais devant une cavalerie ennemie, même supérieure en nombre, sans avoir échangé des coups de sabre. Les reconnaissances doivent donc être poussées le plus loin possible. Vous ne devez pas permettre que des partis de uhlans ou toute autre cavalerie prussienne écrasent impunément nos populations de réquisitions et d'impôts. J'insiste fortement sur ce point.
Vous feriez soutenir au besoin les deux régiments que vous enverrez à Orléans; ils ne devront se retirer sur Tours qu'à la dernière extrémité.
Le point de concentration de vos divisions d'infanterie, au fur et à mesure de leur formation, sera Bourges ; c'est à Bourges aussi que vous devrez constituer vos services de l'artillerie et du génie.
Vous y porterez également une partie de votre cavalerie et, dès que votre organisation sera terminée, vous pourrez commencer vos opérations.
Ces opérations peuvent être diverses et même doubles. Ainsi, de Bourges, établissant une division avec de la cavalerie et de l'artillerie à Orléans, vous pourrez faire inquiéter les derrières de l'armée prussienne et manœuvrer de manière à rétrécir autant que possible la zone d'action des détachements ennemis envoyés en réquisition.
D'un autre côté, et sans perdre de vue l'obligation de laisser toujours une protection suffisante à la délégation du gouvernement établie à Tours, vous pourrez vous porter dans la vallée de la Saône et, vous appuyant sur Auxonne, Besançon, Belfort même, manœuvrer sur le flanc gauche de l'ennemi et l'inquiéter dans ses opérations. Les points d'appui que j'indique vous permettront, sans vous compromettre, de tenter ces diverses opérations.
J'appelle maintenant votre attention sur un autre point auquel j'attache une extrême importance. Je veux parler de la nécessité de soutenir, d'appuyer, de développer autant que possible, le mouvement patriotique et vraiment national qui se produit sur un grand nombre de points de notre territoire.
Ainsi donc, vous devez favoriser la création de corps de francs-tireurs, et utiliser le courage et la bonne volonté des gardes mobiles. L'inexpérience de ces derniers ne vous permettrait que difficilement, je le sais, de les employer isolément, mais vous pourrez avec avantage les intercaler dans vos divisions. J'ai la ferme conviction qu'un régiment de ces jeunes troupes, ainsi encadré dans chacune de vos divisions d'infanterie, ne faiblirait pas devant l'ennemi.
Cette combinaison vous permettrait de créer une ou deux divisions de plus, si vous en trouvez les éléments. Ce serait un résultat important qui, non seulement rendrait vos opérations plus faciles, mais vous donnerait les moyens d'en agrandir le cadre.
Je ne fais, mon cher Général, qu'esquisser à grands traits le caractère de votre mission. sans en préciser les limites; des instructions plus détaillées entraveraient votre initiative. Faire naître les ressources, les développer, les mettre à profit, tel est le but; votre expérience et votre patriotisme me répondent du succès.

Agréez, mon cher Général, l'assurance de mes sentiments les plus distingués.

Le ministre secrétaire d'Etat de la Guerre, Général LEFLÔ.

 

Lettre de nomination de l'amiral Fourichon - 17 septembre 1870

A M. le général de la Motte Rouge, commandant le 15e corps d'armée, Tours
Paris, le 17 septembre 1870.
Mon cher Général,
Un décret du gouvernement de la défense charge M. le ministre de la Marine d'exercer, par délégation, les fonctions de ministre de la Guerre auprès de la partie du gouvernement siégeant hors Paris. M. l'amiral Fourichon se rend à Tours où il doit exercer, de concert avec M. le garde des Sceaux et M. Glais-Bizoin, les pouvoirs du gouvernement dans les départements non occupés par l'ennemi. La situation faite à M. le ministre de la Marine ne peut que faciliter l'accomplissement de l'importante mission dont vous êtes chargé et prévenir beaucoup d'embarras. Je n'ai rien à ajouter aux instructions que j'ai eu l'honneur de vous adresser.
Le Ministre de la guerre, Général LE FLÔ.

Lettre de révocation - 11 octobre 1870

Lettre et dépêche du ministre Gambetta au général de la Motte Rouge.

Ministère de la Guerre, Tours, le 11 octobre 1870.
Général, j'ai l'honneur de vous prévenir que, par décision de ce jour, vous êtes relevé du commandement du 15e corps d'armée.
Vous êtes remplacé par le général d'Aurelle, qui reçoit l'ordre de se rendre à Orléans et auquel vous remettrez tous les renseignements relatifs aux opérations en cours d'exécution.
Recevez, général, l'assuranve de ma considération la plus distinguée.
Le Ministre de l'Intérieur, ministre de la Guerre par intérim.
L. Gambetta.

 

Lettre de nomination du général d'Aurelle - 13 octobre 1870

Guerre à général de la Motte Rouge et au général de Paladines, à la Ferté-Saint-Aubin.
Tours, le 13 octobre, 10h. soir.
J'ai relevé le général de la Motte Rouge de son commandement; général d'Aurelle de Paladines doit immédiatement prendre le commandement en chef du 15e corps.
P.C.C. Le chef de station A. Baffey