Division de Bretagne
4e division du 21e corps
sources :
général Gougeard (commandant de la division de Bretagne),
Henri Monnié (mobilisé de Nantes),
Eugène Coq (commandant l'artillerie de la division)
Robert gestin (médecin de la division)
Aimé Jay (officier d'état-major de la division)
Arthur de la Borderie (rapporteur de la commission d'enquête)
Composition de la division de marche au 23 novembre 1870 Situation de la division de marche à sa sortie de Conlie selon l'administration des vivres Chronologie des opérations Etat des pertes des mobilisés de la Loire-Inférieure de la division Gougeard
Les bataillons les plus disponibles au camp de Conlie sont envoyés à
Yvré-l'Evêque le 24 novembre; ils constituent une division de marche.
Ils se portent en reconnaissance le 26 sur Bouloire sans engagement avec les
prussiens.
Composition de la division de marche au 23 novembre 1870
Relevé effectué par Aimé Jay, officier d'état-major de la division de Bretagne.
Nature des troupes | Effectif par bataillon | Effectif par brigade | Armement |
Infanterie : 1e brigade : colonel Isnard de Sainte-Lorette : Francs-tireurs et chasseurs nantais 1e bataillon de mobilisés de Lorient 1e bataillon de mobilisés de Brest 1e bataillon de mobilisés de Saint-Brieuc |
400 983 1070 783 |
3236 | Spencer |
Infanterie : 2e brigade : colonel Riffaut : Mobiles de la Loire-Inférieure, des Côtes du-Nord, de Vannes 1e bataillon de mobilisés de Lannion |
1180 703 |
1883 | Remington |
Infanterie : 3e brigade : commandant de Vincelles : 19e régiment de ligne Mobiles marseillais 1e bataillon de mobilisés de Quimper |
900 700 450 |
2050 | Chassepot |
Infanterie : 4e brigade : colonel Daguet : 1e bataillon de mobilisés de Rennes 1e bataillon de mobilisés de Vannes Légion étrangère |
1186 559 180 |
1925 | Chassepot |
Infanterie : 5e brigade : colonel Bel : 1e bataillon de mobilisés de Nantes 2e bataillon de mobilisés de Nantes 1e bataillon de mobilisés de Saint- Nazaire |
588 583 695 |
1886 | Snider |
Total de l'infanterie : 10960
Nature des troupes | Effectif par bataillon | Effectif par brigade | Armement |
Artillerie : commandant Coq : Artilleurs |
560 |
Spencer | |
Génie : commandant Lejeune : Pionniers Pionniers |
100 300 |
400 | Spencers, revolvers, outils |
Ambulance | 79 |
Total de la division : 11999
Situation de la division de marche à sa sortie de Conlie selon l'administration des vivres
(Borderie) :
Officiers | Soldats | |
Etat-major |
8 3 1 2 5 19 |
4 20 2 6 30 62 |
Armes spéciales : | Compagnies | Officiers | Soldats |
Gendarmerie |
. 1 . . . 1 |
3 5 15 6 2 31 |
110 81 412 115 39 757 |
Infanterie : garde nationale mobilisée : | Compagnies | Officiers | Soldats |
Côtes-du-Nord |
. 7 6 . 8 8 . 8 . 6 6 6 7 . 9 9 80 |
. 28 23 . 28 26 . 27 . 25 26 26 24 . 30 23 286 |
. 723 704 . 972 750 . 1192 ? . 598 583 603 696 . 695 869 8385 |
Infanterie : garde nationale mobile : | Compagnies | Officiers | Soldats |
bataillon des Bouches-du-Rhône |
6 4 8 4 22 |
20 12 25 11 68 |
600 618 840 580 2638 |
Infanterie : volontaires : | Compagnies | Officiers | Soldats |
bataillon des francs-tireurs |
6 | 19 | 450 |
Infanterie : armée régulière : | Compagnies | Officiers | Soldats |
bataillon de marche du 19e de ligne |
6 2 5 1 4 1 19 |
10 3 8 2 4 2 29 |
1050 349 664 203 542 165 2973 |
Totaux : | 128 | 455 | 14965 |
Les éclaireurs bretons à cheval et la 1e légion (Vannes) sont arrivés à Yvré-l'Evêque le 1e décembre 1870.
Chronologie des opérations
Le 27 novembre 1870, le général Kératry démissionne
de son commandement de l'armée de Bretagne.
Il laisse le commandement du camp de Conlie au général Le Bouedec
et celui de la division de marche au général Gougeard.
La division de marche devient la 4e division du 21e corps.
"...La plupart des bataillons de mobilisés
n'avaient jamais fait l'exercice et leur armement était dans le plus
triste état. Les Chassepots n'avaient ni aiguilles de rechange ni nécessaires
d'armes, et plusieurs bataillons avaient reçu la veille ces petits fusils
Spencer achetés en Amérique, sans baïonnettes, véritables
mousquetons de cavalerie, d'un entretien délicat et qui dans les mains
des paysans bretons ne pouvaient avoir aucune valeur sérieuse, et en
outre les cartouches distribuées à la hâte à Conlie
n'étaient-elles pas de calibre convenable..." général
Gougeard
Gougeard veut créer une division régulière soumise à
l'administration du ministère de la guerre. Il organise et équipe
les troupes.
Au 28 novembre, la division active était composée de 14000
hommes organisées en six brigades : (Gougeard)
Mobilisés: 1 bataillon de Rennes, l bataillon de Lorient, l bataillon
de Vannes, 1 bataillon de Saint-Brieuc, 1 bataillon de Lannion, 1 bataillon
de Quimper,
1e, 2e et 3e bataillons de Nantes, 1 bataillon de Saint- Nazaire.
Ainsi que :
1e bataillon de mobilisés de Brest (commandant Merle, 1369 hommes, 10
compagnies)
Corps des sapeurs-pompiers de Brest. (Gestin)
Mobiles: 2 bataillons de la Mayenne, 1 bataillon des Côtes-du-Nord,
1 bataillon de la Loire-Inférieure.
Intanterie de ligne: 1 bataillon du 19e, 1 bataillon du 62e, 1 bataillon
composé de détachements du 25e et du 86e, 1 bataillon du 97e,
une compagnie de la légion étrangère.
Artillerie : Une batterie de 12 du 10e régiment d'artillerie,
14 pièces de 4 de montagne servies par des marins, une batterie de sept
mitrailleuses servies par des marins.
Cavalerie: 1 escadron du 2e lanciers, 1 escadron de gendarmerie, 1/2
escadron d'éclaireurs des Côtes du-Nord.
Francs-tireurs: 1 bataillon de 8 compagnies : 500 hommes (Nantes, Quimper,
Pont-l'Abbé,Saint-Brieuc, Morlaix, Mayenne, Sarthe, Fontainebleau)
30 novembre 1870 : Gougeard est chargé de la Défense du
Mans
3 décembre : l'armée prussienne se retire des abords du
Mans. Le mouvement offensif est reporté.
dimanche 4 décembre : Suivant les instructions du général
Jaurès, commandant du 21e corps, la division quitte Yvré-l'Evêque.
Avec de nombreuses difficultés d'organisation, les troupes se mettent
en marche sur Morée et Fréteval. Le soir, campement à Ardenay.
Temps glacial.
Le curé local héberge une partie des mobilisés nantais.
(Monnié)
lundi 5 décembre : Arrivée à Saint-Calais. Campement
à l'ouest de la ville sur les hauteurs de Montaillé. Nuit glaciale,
neige.
Campement des mobilisés nantais à Bouloire (Montaillé ?)
(Monnié)
mardi 6 décembre : Difficultés pour rassembler les troupes
pour le départ. Campement à 2km, sur les hauteurs de marolles
dans une position défensive.
mercredi 7 décembre : Arrivée dans le Loir-et-Cher à
Epuisay. Bruits de canon depuis le matin. Passage par Danzé. Neige et
verglas. Le soir, campement à la Ville-aux-Clercs. Neige incessante.
jeudi 8 décembre : Les troupes stationnent à la Ville-aux-Clercs.
vendredi 9 décembre : Départ pour fréteval, passage
par Lisle, Pezou et Fontaine. Grondement du canon vers l'est. Campement dans
la forêt entre Fréteval et Morée (Monnié).
Occupation des hauteurs de Fréteval et de la forêt d'Ecoman. Neige
et vent. Les habitants de Fréteval apportent des vivres aux soldats épuisés.
samedi 10 décembre : Les troupes stationnent. Bruit du canon
dans la direction de Lorges. La division est prête à marcher.
dimanche 11 décembre : Progression sur Marchenoir. Campement
en avant de Moisy et Ecoman . Froid intense.
Cantonnement à Orme-Guignard des mobilisés nantais dans une grange
(Monnié).
lundi 12 décembre : Les troupes stationnent. Exécution
d'un mobilisé pour fuite devant l'ennemi et abandon d'armes (Gestin).
L'armée de Chanzy marche en retraite sur le Loir.
mardi 13 décembre :
Vers 3h du matin. Les prussiens menaçant les positions, ordre est donné
de marcher sur Cloyes. Passage par Charray, Romilly puis Cloyes. (Monnié).
La division doit garder les passages du Loir de Cloyes à Fréteval.
Le bataillon de Brest se porte à Saint-Hilaire où il reste jusqu'au
16. (Gestin).
Deux bataillons font une reconnaissance sur Châteaudun et repoussent un
détachement prussien. (Monnié).
mercredi 14 décembre : Les prussiens attaquent Fréteval.
Le 1e bataillon de Nantes est envoyé à Montigny pour remplacer
la troupe de ligne. (Monnié).
jeudi 15 décembre : Les prussiens occupent Vendôme et les
positions du Loir. L'armée française se replie vers le Mans.
"...Durant les cinq ou six derniers jours, les engagements
avaient été ininterrompus tout le long d'une ligne allant de Châteaudun
à Marchenoir et à Vendôme. La division de Bretagne, occupant
la rive droite du Loir, n'y avait contribué que par quelques détachements
des grand'gardes des francs-tireurs..." Robert Gestin
vendredi 16 décembre : La division se situe à l'extrème
gauche des troupes françaises.
Le bataillon de Brest reçoit l'ordre de se rendre à Cloyes. Marche
sous la pluie. Passage à Cloyes et arrivé vers minuit à
Droué. (Gestin).
Offensive prussienne sur Montigny.
Opération générale de repli. On détruit les ponts.
La division effectue une retraite de nuit difficile jusqu'à Droué.
samedi 17 décembre : L'état-major et le gros de la division
arrive à Droué vers 7h du matin. Après une halte d'une
heure et demie , les troupes se mettent en marche vers 10h. Une avant-garde
prussienne attaque subitement le village. Les combats durent moins d'une heure.
Les pertes françaises sont d'une centaine d'hommes tués et blessés.(Gougeard).
Parmi les tués : Maillard de la Gournerie, Bodénan, Pocard-Kerviler,
de Rodellec du Porzic, l'abbé Le Goavec, Sanson, Blanc, Journeau, Quennec,
Sauvignon, Beaufils, Breteuil, Oho, Richomme... (Gougeard) (Gestin).
Les villageois effrayés n'avaient pas prévenu les français
de la présence des allemands.
Vers 13h, arrivée au village de la Fontenelle; combat
d'artillerie sans résultat.
Passage à Arville.
Arrivée vers 18h à Saint-Agil. Jonction
avec la division Rousseau. Troupes épuisées.
dimanche 18 décembre : Prise de Droué par le général
Von der Tann avec 20000 hommes et 50 pièces de canon.
Retraite française sur le Mans, passage à Souday et campement
sur Vibraye et Lavaré.
lundi 19 décembre : Passage par Dollon, Thorigné et Connerré.
Campement à Beillé.
mardi 20 décembre : Départ en direction d'Yvré.
Passage par Saint-Mars-la-Brière. Campement dans les bois d'Yvré.
mercredi 21 décembre : Le 1e bataillon de Nantes prend position
sur les hauteurs de la Croix au nord de Champagné. Froid intense (Monnié_55).
Les jours qui suivent : Manoeuvres et tir à la cible. Remplacement de
certains officiers. Chasse à l'ivrognerie. Exercice de la discipline.
La division est réorganisée. Formation de deux brigades et une
de réserve.
La brigade de réserve (4000 hommes) est cantonnée
en arrière du Mans.
400 hommes parmi les mobilisés de Nantes et Saint-Nazaire forment le
2e bataillon de la Loire-Inférieure affecté à la brigade
de réserve.
Les hommes des bataillons de Vannes et Lorient sont réaffectés.
Ils forment un bataillon dit "de Lorient" pour la division active
et un bataillon dit "de vannes" ou "du Morbihan" pour la
brigade de réserve.
Un 5e bataillon "breton" est créé avec les hommes les
plus valides parmi les bataillons Saint-Brieuc, Lannion, Quimper et Brest.
Ces
quatre derniers sont versés à la brigade de réserve.
La division active conserva six bataillons de mobilisés : 1e et 3e de
Nantes, 1e de Saint-Nazaire, 1e de Rennes, le bataillon de Lorient et le bataillon
breton.
La brigade de réserve (colonel Lebrun) était composée
de : 2e bataillon de Nantes, le bataillon de Vannes, le bataillon de Saint-Brieuc,
le bataillon de Lannion, le bataillon de Quimper, le bataillon de Brest.
La division se retrouve composée de 10000 hommes;
2e brigade : colonel de Pineau
1e brigade : colonel Bel.
Quatre demi-brigades : lieutenants-colonels Riffaut, d'Aguet, Viel et Perrin.
Artillerie : lieutenant de vaisseau Coq : 1 batterie de 12, 1 batterie de 4
à cheval, 1 batterie de 4 de montagne, 1 batterie de mitrailleuses.
Cavalerie : 1 escadron de lanciers, 1 demi escadron d'éclaireurs bretons
(capitaine Carré-Kérisouet).
(Monnié_58)
A consulter : Ordre
de bataille de la division de Bretagne
La division doit s'opposer à l'avancée des prussiens sur Yvré.
4 janvier 1871 : La 1e division du 21e corps quitte le plateau d'Auvours
et progresse vers Nogent-le Rotrou. La division de Gougeard reçoit l'ordre
de protéger Champagné et Saint-Mars et de garder les ponts sur
l'Huisne. Pour cela elle occupe le plateau d'auvours, la Croix et Champagné.
8 et 9 janvier : La division doit se porter sur Thorigné. Elle
compte 10000 hommes. La 1e du 17e corps marche sur Ardenay. Mouvement offensif
pour appuyer la retraite du général Rousseau sur Connerré
et Montfort. La division occupe Saint-Mars-la-Bruyère. Retour à
Yvré pendant la nuit. Une journée et une nuit entières
passées sous les armes.
10 janvier : La réserve du 21e corps est à Yvré.
Jaurès transmet l'ordre de se porter sur Thorigné. Le 1e bataillon
des volontaires de l'ouest et un bataillon de mobiles des Côtes-du-Nord
rejoignent la division. A 11h la division se met en marche pour Ardenay. Combat
d'artillerie sur la ferme de Saint-Hubert. Engagement des volontaires de l'ouest,
du 25e de ligne et des mobilisés de Lorient et Rennes. Les prussiens
restent sur leurs positions. La division revient à Yvré. Pertes
importantes des deux côtés. Nombreux tués parmi les volontaires
de l'ouest et les mobilisés de Lorient. Le docteur Gestin est gravement
blessé.
Vers midi : attaque prussienne sur Champagné (morts du colonel Bel et
commandant de Trégomain). Les troupes françaises se replient sur
Parancé. A la nuit, Champagné est repris avec le renfort du 25e
de ligne.
11 janvier : Attaque générale des prussiens. Combat d'artillerie
et d'infanterie. Prise du château des Arches par les francs-tireurs de
Fontainebleau et les mobiles des Côtes-du-Nord.
Reprise de la colline
d'Auvours par les volontaires de l'ouest, les mobiles des Côtes-du-Nord, les mobilisés
de Rennes et de Nantes et un bataillon de chasseurs. Perte de Champagné.
La charge d'Auvours, tableau de Lionel Royer
12 janvier : Ordre de repli sur Alençon. Marche sur Sargé,
Montbizot. Campement à Saint-James vers 20h. Le 21e corps maintient ses
positions pour assurer le repli des troupes.
13 janvier : Passage à Beaumont-sur-Sarthe vers 2h du matin pour
prendre la direction d'Alençon. Contre-ordre et arrivée vers 16
heures à Sillé-le-Guillaume.
15 janvier : Le colonel Jehenne prend le commandement de la 2e brigade.
Une attaque prussienne sur Sillé est repoussée par les 1e et 3e
divisions du 21e corps.
Vers 19h, départ pour Bais. Marche vers la Mayenne, progression pénible,
vent, grêle et verglas.
16 janvier : Halte vers 4h du matin à Saint-Thomas, Arrivée
à Bais vers 9h.
17 janvier : Passage de la Mayenne à Saint-Fraimbault-de-Prières.
La 2e brigade est chargée de miner le pont. Le général
Gougeard, avec la 1e brigade, l'artillerie, le génie et les mitrailleurs
occupe la Haie-Traversain. Le 25e de ligne va miner le pont d'Ambrières.
L'effectif de la division est de 7500 hommes.
18 au 21 janvier : Les troupes stationnent. Pas d'engagement.
21 janvier : Mouvement général du 21e corps vers le nord.
22 janvier : Mouvement sur Couterne. Campement à Lassay.
23 janvier : Arrivée l'après-midi à Couterne. La
division reste cantonnée. Période consacrée à l'instruction.
Procédure des votes pour l'élections à l'assemblée
nationale.
28 janvier : Le colonel Jehenne et la 2e brigade va occuper la Ferté-Macé.
30 janvier : Une dépêche apporte la nouvelle de l'armistice.
21 février : Toute la Division se transporte à Flers,
laissant à Domfront le colonel Vieille avec sa demi-brigade.
25 février : La division quitte le 21e corps.
26 février : La Division quitte Flers pour Domfront.
27 février : La Division arrive à Landivy, et la 1re demi-brigade à
Louvigné.
28 février : toutes les troupes se réunissent à Saint-James: la Légion
de Nantes occupe le village de Montjoie.
1e mars : Toute la 1e brigade est répartie à Pontorson et dans les villages
environnants. Le quartier-général est établi à Antrain.
4 mars : L'ordre arrive de licencier la division.
Le licenciement des troupes est effectué et terminé le 15 mars.