Texte de Corinne Micault
L'armée de l'Est (dessin de Bombled, 1895)
(Abbréviations : Div = division, Bgd = brigade, Rgt = Régiment, Btl = Bataillon, Esd = Escadron, Cpg = Compagnie)
Récapitulatif : |
L'Armée française : |
L'Armée Allemande : |
Récapitulatif
Carte du trajet des armées :
Au début de la guerre la France poste sa seule
armée, l'armée du Rhin, à 3 endroits : Forbach,
Wissenbourg (et Strasbourg, Bitche, Phalsbourg), et Belfort.
La 1ère partie (à Forbach) attaque Sarrebrück, et est refoulée sur Forbach,
puis assiégée à
Metz par les Ie et IIe armées allemandes.
La 2ème partie est attaquée à Wissenbourg par la
IIIe armée, puis à Strasbourg, elle se replie sur le camp
de Châlons, où elle se reforme.
La 3ème partie quitte Belfort pour Châlons pour la renforcer.
Cette "armée de Châlons" essaie de libérer
Metz, mais poursuivie par les 3 armées allemandes, elle est assiégée
à son tour à Sedan. Elle capitule.
Une "armée du Nord" se forme en Normandie pour stopper
l'avance de l'ennemi sur Paris. La Ie armée Allemande se porte
à son encontre, et prend Amiens.
La IIIe armée et un détachement de la IIe (la IIe reste
assurer le siège de Metz) avancent donc sans obstacle sur Paris,
qu'ils assiègent. Une "armée de Paris" se
forme dans la capitale et tente de forcer le siège, sans succès.
Gambetta crée une "armée de la Loire" à
Orléans, destinée à délivrer Paris.
Une partie de la IIIe armée se détache du siège
de Paris, vainc l'armée de la Loire et occupe Orléans.
Metz capitule, la IIe armée se retrouve donc libre et vient renforcer
les forces allemandes sur Orléans. Elle coupent en deux l'armée
de la Loire, elles repoussent la partie ouest sur le Mans puis Laval,
et la partie Est sur Bourges.
Cette "armée de l'Est" ainsi formée, se dirige
vers l'Est pour couper les lignes de ravitaillement allemandes, ce qui
entrainerait la levée du siège de Paris, et pour délivrer
Belfort assiégé.
Mais Strasbourg capitule, le détachement
de la IIIe armée qui assurait le siège se retrouve donc
libre, et vient contrer l'armée de l'Est. La Ie armée
vient de Normandie la renforcer. Ensemble, elles repoussent l'armée
de l'Est vers la Suisse.
Paris capitule. Toutes les armées françaises ont donc
été vaincues : la France capitule.
_____________________________
Tableau des batailles et des évènements
importants :
Rhin / Châlons / Est | Paris | Loire | Nord | |
2 août | Bataille de Sarrebrück | |||
4 au 6 août | Bataille de Wissembourg Batailles de (Strasbourg) Froeschwiller, Reischoffen Siège de Strasbourg |
|||
7, 14, 16, 18, 20 août | Batailles de Forbach Batailles de (Metz) Borny, Rezonville, Gravelotte, Saint-Privat Siège de Metz |
|||
30, 31 août 1, 2 septembre |
Batailles de (Sedan) Beaumont, Bazeilles, Sedan Capitulation de Sedan |
|||
4 septembre | Fin de l'empire, proclamation de la république | |||
18 septembre | Siège de Paris | |||
27 septembre | Capitulation de Strasbourg | |||
31 septembre | Combats de (Paris) Choisy-le-Roi, Chevilly | |||
7 octobre | Gambetta quitte Paris | Gambetta quitte Paris pour Tours | ||
10, 11 octobre | Bataille de (Orléans) Artenay
Occupation d'Orléans |
|||
18 octobre | Combats de (Orléans) Châteaudun | |||
27 octobre | Capitulation de Metz | |||
28 octobre | Combat de (Paris) Le Bourget | |||
4 novembre | Siège de Belfort | |||
9 novembre | Bataille de (Orléans)
Coulmiers Libération d'Orléans |
|||
19 novembre | Combats de (Paris) Chatillon | |||
27 novembre | Occupation d'Amiens | |||
28 novembre | Bataille de (Orléans) Beaune la Rolande | |||
30 nov au 3 déc | Bataille de (Paris) Champigny | |||
3 décembre | Bataille de Orléans) Loigny / Patay | |||
4 décembre | Constitution de l'armée de l'Est (Bourbaki) | Occupation d'Orléans Constitution de la 2e armée de la Loire (Chanzy) |
||
5 décembre | Occupation de Rouen | |||
7 au 10 décembre | Bataille de (Orléans) Beaugency | |||
19 décembre | Bataille de (Belfort) Nuits | |||
23 décembre | Bataille de (Amiens) Pont-Noyelles | |||
27 décembre | Début du bombardement de Paris | |||
3 janvier | Bataille de Bapaume | |||
9 janvier | Bataille de (Belfort) Villersexel | |||
10 et 11 janvier | Bataille du Mans | |||
15 au 17 janvier | Bataille de (Belfort) Héricourt | |||
19 janvier | Combat de (Paris) Buzenval, Montretout | Bataille de Saint-Quentin | ||
28 janvier | Capitulation de Paris Signature de l'armistice |
|||
1 et 2 février | Passage en Suisse | |||
8 février | Election de l'Assemblée Nationale | |||
10 mai | Traité de Francfort | |||
Rhin / Châlons / Est | Paris | Loire | Nord |
L'Armée Française
L'Armée du Rhin :
Au début de la guerre, le 18 juillet, on crée une
seule armée, l'armée du Rhin, envoyée sur le sur le front Est.
Elle se compose de 8 corps d'armée et d'une grande réserve de cavalerie.
La mobilisation française se fait difficilement par faute d'organisation;
des détachements complets, venant des garnisons éloignées, ne sont
même pas encore arrivés, début août, lorsque les hostilités
commencent. 250 000 hommes sont attendus, mais 200000 seulement sont
prêts à entrer en campagne.
L'armée du Rhin, créée le 18 juillet, est :
Formée de 200 000 hommes
Commandée par : l'Empereur, général en chef
maréchal Leboeuf, major général
Composée de :
- la Garde impériale et la réserve d'artillerie, Bourbaki, à Nancy :
(2 Div d'infanterie (Deligny, Picard) + 1 Div cavalerie de 6 Rgt (Desvaux)
- corps de réserve de cavalerie : ( 3 Div à 4 Rgt (du Barrail, Bonnemains, Forton))
- 7 corps d'armée, à plusieurs
Div d'infanterie + 1 Div de cavalerie :
* 1er corps, Mac-Mahon, à Strasbourg, troupes
d'Afrique et de l'Est
( 4 Div d'infanterie (Ducrot, Douay, Raoult,
de Latigue) + 1 Div cavalerie de 7 Rgt (Duhesme))
* 2e corps, Frossard, à Saint-Avold,
troupes du camp de Châlons
( 3 Div d'infanterie (Verger, Bataille,
Laveaucoupet) + 1 Div cavalerie de 4 Rgt (Lichtlin))
* 3e corps, Bazaine, à Metz, armée de Paris et division
de Metz
( 4 Div d'infanterie (Montaudon, Castagny,
Mettmann, Decaën) + 1 Div cavalerie de 7 Rgt (Clérembault))
* 4e corps, Ladmirault, à Thionville, régiments
du Nord
( 3 Div d'infanterie (Cissey, Rose, Lorencez,
de Latigue) + 1 Div cavalerie de 4 Rgt (Legrand))
* 5e corps, Failly, à Bitche et Phalsbourg, divisions de l'armée
de Lyon
( 3 Div d'infanterie (Goze, de l'Abadie
d'Aydren, de Lespart) + 1 Div cavalerie de 4 Rgt (Brahaut))
* 6e corps,
Canrobert, Camp de Châlons, régiments de l'Ouest du Centre
( 4 Div d'inf. (Tixier, Bisson, Lafont
de Villiers, Levassort-Sorval) + 1 Div caval. de 6 Rgt (Sac-Fénelon))
* 7e corps, Félix Douay, à Belfort, régiments
du Sud-Est
( 3 Div d'infanterie (Dumesnil, Liébert,
Dumont) + 1 Div cavalerie de 5 Rgt (Ameil))
Au début de la guerre l'armée du Rhin
se poste à 3 endroits :
Les 2e, 3e et 4e corps à Forbach, les 1e et 5e corps à
Wissenbourg (et Strasbourg, Bitche, Phalsbourg), et le 7e à Belfort.
(La 1ère partie attaque Sarrebrück, et est refoulée
sur Forbach, puis assiégée à Metz par les Ie et
IIe armées allemandes.
La 2ème partie est attaquée à Wissenbourg par la
IIIe armée, puis à Strasbourg, )
Les 2e, 3e et 4e corps, déclenchent le début des hostilités
le 2 août. Ils passent la frontière, et attaquent les Allemands
sur leur territoire, à Sarrebrück; c'est une victoire
mais ils se replient à Forbach, en France.
Devant l'immobilité des troupes françaises, les Allemands prennent l'offensive.
La IIIe armée attaque Wissembourg, en avant de Strasbourg. Ils
repoussent l'avant-garde de Mac-Mahon le 4 août 1870, puis son armée
à Froeschwiller le 6 août, qui bat en retraite sur
le camp de Châlons-sur-Marne.
Puis ils assiègent Strasbourg.
Le 1e et le 5e corps se replient sur le camp de Châlons, où
ils tentent de se reformer.
Le 7e corps quitte Belfort pour Châlons pour les renforcer.
Le 2e Régiment de tirailleurs algériens à Froeschwiller (d'après Edouard Detaille)
Le 12 août, l'Empereur forme l'armée de Châlons. Désemparé, il cède le commandement
du reste de l'armée du Rhin à Bazaine.
L'armée du Rhin "réduite" créée le 12 août, (appelée aussi armée de Lorraine) est :
Formée : de 170 000 hommes
Commandée par : le maréchal Bazaine
Composée par : la Garde impériale et les 2e, 3e et 4e
corps
.......................... + 6e corps au camp de Mourmelon
.......................... + 12 et 13e corps en formation au camp de
châlons
Les IIe et IIIe armées allemandes attaquent Forbach,
repoussent les 2e, 3e et 4e corps qui veulent se replier sur la place
forte de Verdun. Elles leur coupent la route, et les encerclent sur
Metz le 20 août, malgré leur combats défensifs
à Borny, Rezonville et Saint-Privat.
Des questions se sont posées sur le comportement de Bazaine;
Il ne sut pas (ou ne voulut pas) profiter de ces combats qui étaient fort indécis,
et replia son armée dans Metz cerné par l'ennemi :
" A Borny, Bazaine avait repoussé l'attaque de la 1ère armée allemande; à Rezonville, celle de seconde. Là, il était supérieur en forces à l'ennemi, et s'il avait poursuivi son succès, il aurait pu lui disputer la troute de Verdun; mais il se contenta de rester sur la défensive. Le 18 août, entre Gravelotte et Saint-Privat, les deux armées allemandes se réunirent pour combattre la sienne; à Gravelotte, les Français repoussèrent l'ennemi; à Saint-Privat, le maréchal Canrobert (et le 6e corps), se défendit magnifiquement, contre des forces très supérieures, jusqu'à ce qu'il n'eût plus de munitions. Bazaine, qui avait près de lui 20 000 hommes en réserve, ne fit rien pour l'aider. Toutes les routes sur Verdun lui étant fermées, il se replia sur Metz, et s'y enferma avec 170 000 hommes, cernés par la 2ème armée allemande. " (Histoire de France, M. Guiraud) |
Bazaine (dessin de Bouard, 1905 ?) |
Le comportement du maréchal s'explique par le fait qu'il désapprouvait
le nouveau régime républicain, et projetait l'utilisation de son armée
pour restaurer l'empire.
Il essaya de négocier la paix avec l'ennemi en offrant
en échange sa contribution à la mise en place d'un pouvoir reconnu par
tous les français.
Strasbourg capitule le 27 septembre.
Les Allemands, sûrs de leur victoire, refusent
de négocier avec Bazaine. Le 27 octobre,
Bazaine capitule à Metz avec l'armée du Rhin, et
prive la défense nationale de ses meilleures troupes et cadres.
(Jugé en 1873, il fut condamné
à mort pour ses négociations avec l'ennemi, mais fut gracié
et enfermé dans une forteresse d'où il s'évada.)
L'Armée de Châlons :
L'Empereur crée l'armée de Châlons :
- avec le reste du 1er corps qui s'est battu à Froeschviller
et replié sur le camp de Châlons
- avec le 5e corps dont les divisions, sans s'être battues, sont
aussi lasses après leur retraite sur Châlons
- et avec le 7e corps de Belfort transféré à Châlons
- il y ajoute les hommes formés au camp de Châlons
Ainsi composée essentiellement
des soldats épuisés de Froeschviller, des 4èmes
bataillons "de marche", de réservistes indisciplinés,
et de recrues inexpérimentées, cette
armée est moins vaillante que l'armée du Rhin.
L'armée de Châlons créée le 12 août,
est :
Formée de 140 000 hommes, 486 canons, 48 batteries
Commandée par : Mac-Mahon (temporairement par le général
de Wimpfen, quand Mac-Mahon fut blessé)
Composée de : - 1er corps, Ducrot (56 Btl, 30 Esd)
......................... - 5e corps, De Failly puis Wimpfen (32 Btl,
18 Esd)
......................... - 7e corps, Félix Douay (38 Btl, 13
Esd)
......................... - 12e corps, Lebrun (42 Btl, 16 Esd)
......................... - réserve de cavalerie (38 Esd)
Ce dernier corps est appelé 12e, pour faire croire à l'ennemi
qu'il y a quelque part un 9e, 10e et 11e corps.
(Les bataillons comportent de 400 à 700 hommes; les escadrons
de 50 à 100 chevaux.)
Napoléon veut rentrer à Paris avec cette armée
pour se préparer au siège. Mais l'impératrice s'y oppose.
A Paris, la consternation de ces défaites jusque là inimaginables
et le désarroi évident d'une armée qu'on disait si
bien préparée, a mis fin à la confiance dans
le gouvernement impérial.
L'Impératrice craint que le retour de l'Empereur à
Paris ne provoque un soulèvement qui ferait perdre le
trône à son fils.
L'Empereur décide alors de marcher sur Metz avec l'armée
de Châlons pour dégager Bazaine, en contournant les Allemands
par le Nord. Il quitte le camp de Châlons et se dirige vers le
Nord. Les Allemands (la IIe et IIIe armées) se portent
à sa rencontre, et le repoussent à Beaumont. Les
Français se replie sur Sedan où ils se font cerner
le 30 août. Le 2 septembre, ils tentent une sortie, qui échoue.
Napoléon III rencontre Bismarck, et négocie
la capitulation de Sedan et de l'armée de Châlons, le
2 septembre; il est fait prisonnier.
Les soldats de l'armée de Châlons doivent être désarmés
et conduits en Allemagne. En attendant leur départ, ils sont
entassés dans une presqu'île de la Meuse, sans vivres ni
protection contre les intempéries; ils en sont réduits,
pour ne pas mourir de faim, à manger les chevaux, eux-même
faméliques. (voir "La débâcle" d'Emile Zola).
L'Armée du Nord :
Une "armée du Nord" se forme en Normandie pour
stopper l'avance de l'ennemi sur Paris.
L'armée du Nord, créée le 18 novembre, est :
Formée de : 30 000 hommes et 60 canons
Commandée par : Testelin, Farre, Bourbaki, puis le général
Faidherbe
Composée des : 22e (Lecointe) )et 23e corps (Paulze d'Yvoy)
La Ie armée Allemande prend Amiens le 27 novembre;
les Allemands occupent Rouen le 5 décembre.
Faidherbe tente de reprendre Amiens, livre bataille en conservant
ses positions à Pont-Noyelles (près d'Amiens) le 23 décembre.
Il fait reculer les Allemands sur Bapaume le 3 janvier.
Il tente alors de marcher sur Paris, mais le 19 janvier,
il est vaincu à Saint-Quentin et doit effectuer une retraite
vers le Nord.
L'armée du Nord est dévalidée par l'armistice du 28 janvier.
L'Armée de Paris :
L'empereur et l'armée de Châlons ayant capitulés à Sedan le 2 septembre,
Bazaine et l'armée de Rhin réduite étant assiégés à
Metz, la IIIe allemande et un détachement de la IIe avancent
sans obstacle sur Paris. Le 18 septembre, Paris est assiégé.
La défense s'organise et une "armée de Paris"
se forme dans la capitale.
Fin septembre, l'armée de Paris est :
Formée de : 650 000 hommes et 2627 canons
Commandée par : Trochu, puis Vinoy
Composée de : 13e corps + 14e corps + 13 000 marins +
15 000 militaires + 115 000 mobiles + 250 000 gardes mobilisés
Le nombre est là, mais les hommes sont indisciplinés,
et ont peu d'instruction militaire.
" Paris fut complètement investi et coupé de toutes
communications en 3 jours. La ville renfermait 2 millions d'habitants,
dont 500 000 hommes environ en état de porter les armes; mais
presqu'aucun n'avait d'instruction militaire et ils n'avaient pas tous
un fusil. La sitution paraisait désespérée,
car la chute de Strasbourg, après un horrible bombardement et
la déplorable capitulation de Metz, rendirent libres plus de
100 000 allemands retenus jusqu'alors par ces deux sièges et
auquel nous d'avions plus d'armée régulière à
opposer. " (Histoire de France, M. Guiraud)
L'armée de Paris tente à plusieurs reprises
de forcer le siège.
Trochu tente une sortie à Chatillon le 19 septembre, puis
à Chevilly et Choisy-le-Roi le 31 septembre, sans
succès. Il récidive sur Le Bourget le 28 octobre,
puis à Champigny le 3 décembre toujours sans succès.
Le 27 décembre, les Allemands commencent à bombarder Paris
pour démoraliser la poplulation et la forcer à arrêter
la résistance.
Le 19 janvier, Trochu tente une dernière sortie à Buzenval
et Montretout, toujours sans succès. Le gouvernement pense
que Paris ne peut plus continuer la résistance, signe la capitulation
de Paris et de l'armée de Paris le 28 janvier, ainsi qu'un armistice.
L'Armée de la Loire :
L'essentiel de l'armée régulière,
c'est à dire les meilleurs éléments, étant
prisonnier en Allemagne suite aux défaites de Metz et Sedan,
Gambetta recrée une armée avec ce qui reste disponible.
Il organise la défense avec une rapidité remarquable.
Avec les débris des armées vaincues, les conscrits, les
réserves, les gardes nationales, les volontaires, il arrive à
mettre sur pied une armée de la Loire destinée à délivrer Paris.
Fin septembre, l'armée de la Loire n'est encore qu'à
l'état de noyau :
Formée de : 30 000 hommes
Commandée par : le général de la Motte-Rouge
Composée : du 15e corps, hâtivement constitué avec des troupes diverses
se bornait essentiellement à faire des reconnaissances dans la
direction de Paris.
Pour contrer cette mobilisation, l'état-major allemand détache
du siège de Paris, une partie de la IIIe armée. Cette
unité est composée du Ie corps Bavarois commandé
par le général von der Tann + 17e et 22e Div d'inf + 2e,
4e, 6e Div de cavalerie; soit 60 000 fantassins, 15 500 cavaliers, et
320 canons.
Le premier combat sur le front de la Loire s'engage à Artenay
les 10 et 11 octobre, où les Français sont battus. L'ennemi
occupe alors Orléans.
Gambetta encourage ses généraux à une offensive
pour délivrer Paris, mais ceux-ci, souvent âgés,
peu accoutumés par la guerre d'Afrique à des offensives
de telles ampleurs, et doutant de la compétence des troupes irrégulières,
tergiversent.
Le 13 octobre, Gambetta remplace alors le général de la
Motte-Rouge, par le général d'Aurelle de Paladines. Puis
il ajoute au 15e corps (formé à Salbris), le 16e corps
(formé à Blois).
La "première armée" de la Loire, créée
le 13 octobre, est :
Formée par : 90 000 hommes
Commandée par : le général d'Aurelle de Paladines
Composée des : 15e et 16e corps
D'Aurelle de Paladines établit la discipline,
difficile dans cette armée non régulière, en appliquant
le décret du 2 octobre, qui accélérait les procédures
de jugement et qui permettait de fusiller l'accusé le lendemain
matin.
900 francs-tireurs (Cdt Lipowski) et 300 gardes nationaux défendent
la ville sous le feu de 2000 obus à Châteaudun le
18 octobre.
Le 9 novembre, l'armée française remporte la bataille
de Coulmiers et reprend Orléans abandonné par les
Allemands.
Frédéric-Charles, quitte Metz qui vient de capituler,
et amène à marche forcée le renfort de la IIe armée
allemande.
Le 27 novembre, les Français sont battus à Beaune-la-Rolande.
Fin novembre, la "première armée"
de la Loire, s'est renforçée ; elle est :
Formée par : 350 000 hommes, mais seulement 200 000 en état
de combattre
Commandée par : le général d'Aurelle de Paladines
Composée de : - 15e corps, Martin des Pallières, Martineau-Duchesnez
......................... - 16e corps, Pourcet, Chanzy
......................... - 17e corps, Durrieu, De Sonis, Guépratte,
de Colomb
......................... - 18e corps, Bourbaki, Billot
......................... - 19e corps, Dargent
......................... - 20e corps, Crouzat, Clinchant
Le 2 décembre,
le 16e corps de Chanzy livre la bataille de Loigny marquée
par l'intervention du général de Sonis à la
tête des volontaires de l'Ouest. L'armée française se retrouve alors coupée en 2 : la partie Est, commandée par Bourbaki, se replie à Bourges; Chanzy prend le commandement de la partie ouest, qu'on appellera la 2ème Armée de la Loire, et marche sur Vendôme. |
Champ de bataille de Loigny (dessin de ? 1913) |
La 2ème armée de la Loire,
créée le 4 décembre, est :
Formée par : 120 000 hommes
Commandée par : le général Chanzy (Gambetta remercie
d'Aurelle de Paladines jugé trop peu offensif)
Composée de : - 16e corps, amiral Jauréguiberry
......................... - 17e corps, général de Colomb
......................... - 21e corps, général Jaurès
Le 19e corps (Dargent) occupait les
lignes de Carentan.
Le 25e corps (Pourcet) et le 26e corps (Billot) furent rattachés
à la 2ème armée de la Loire peu avant l'armistice.
Le 5 décembre, les Allemands réoccupent
Orléans sans combattre. Après
le combat de Beaugency (appelée aussi bataille de Villorceau)
le 8 décembre, Chanzy se replie sur le Mans le 19 décembre.
Le 12 janvier, la 2ème armée de la Loire est battue au
Mans. Réduite à 65 000 hommes, elle se replie sur
Laval, où les Allemands épuisés ne la poursuivent
pas.
Le général Chanzy parcourant le champ de bataille
(dessin de Vogel, Morel ou Gérardin, 1895)
Chanzy réussit à reformer de nouveau son armée
sur la Mayenne.
L'armée de la Loire est dévalidée
par l'armistice du 28 janvier.
L'Armée des Vosges :
Garibaldi offre de venir défendre la république et la France.
Les autorités françaises
se trouvent dans l'embarras face à l'offre de renforts
de Garibaldi et de sa troupe de "chemises rouges"; le 8 octobre,
il est décidé de ne pas l'incorporer dans l'armée
régulière et de lui attribuer une statut équivalent
aux corps francs.
Il entreprend à Autun une guérilla avec cette "armée
des Vosges".
L'Armée des Vosges se replie sur Besançon, puis
capitule à Dijon le 31 octobre.
L'Armée de l'Est :
Vaincue à Loigny le 3 décembre,
l'armée de la Loire est alors coupée en 2 : Chanzy prend
le commandement de la partie ouest, qu'on appelle la 2ème armée
de la Loire; la partie Est, commandée par Bourbaki, se replie
sur Bourges.
L'armée de l'Est, créée le 4 décembre, est :
Formée de : 130 000 hommes peu entrainés
Commandée par : le général Bourbaki, puis Clinchant
Composée des : - 15e corps, Martineau-Duchesnez, Peytavin
........................... - 18e corps, Billot
........................... - 20e corps, Clinchant
........................... - 24e corps (formé à Lyon
en novembre), Bressolles
........................... - la division indépendante de Cremer
Chaque corps comporte 3 divisions d'infanterie + 1 division de cavalerie
Gambetta la fait transférer
en chemin de fer vers l'Est, pour couper les lignes de ravitaillement
allemandes, (ce qui obligerait les Allemands à lever le siège
de Paris), et débloquer Belfort assiégé où
résiste toujours l'héroïque Denfert-Rochereau.
L'armée de l'Est est transférée de Bourges vers
Nuits en chemin de fer. Mais Strasbourg
capitule, le détachement de la IIIe armée, commandé
par Werder, qui assurait le siège se retrouve donc libre, et
vient contrer l'armée de l'Est.
La division Cremer combat à Nuits le 19 décembre.
L'armée de l'Est est à Villersexel le 9 janvier, où elle est victorieuse face à l'armée
de Werder.
Du 15 au 17 janvier, les Français sont battus à Héricourt
soit à seulement 15 km de Belfort. Epuisés, ils essaient
de se replier sur Besançon, mais la Ie
armée allemande vient de Normandie renforcer Werder.
Ensemble, elles coupent la retraite de
l'armée de l'Est, l'acculant à la frontière Suisse.
Le 28 janvier, le gouvernement ordonne à
Gambetta de faire exécuter l'armistice en province, mais
oublie de mentionner l'exception du front Est ! Gambetta s'exécute.
L'armée de l'Est, surprise, est attaquée (alors que ses
chefs croyaient la guerre finie). Bourbaki ayant tenté de se
suicider, est remplacé par le général Clinchant
qui négocie avec la Suisse, l'entrée des débris
de l'armée de l'Est dans ce pays neutre. Tous les combats cessent
le 13 février.
Seuls Belfort et Bitche, assiégés depuis août, tiennent jusqu'à la fin.
Le suicide de Bourbaki :
" Durant toute la journée du
26 janvier, Bourbaki surveille, à cheval, le mouvement
de ses troupes; dans la soirée, il rentre à Besançon,
où il apprend l'échec de toutes ses entreprises et l'abandon
des positions sur lesquelles il comptait pour retarder la marche de
l'ennemi. Le désespoir qu'il en conçoit est tel qu'il
prend une résolution suprême. S'étant débarrassé
de son aide de camp, qu'il envoie à l'état-major, il monte
dans sa chambre, s'étend sur son lit et se tire un coup de
revolver à la tempe. Par bonheur, la balle s'aplatit sur son
crâne, et bien que la blessure est grave, elle n'est pas mortelle. "
Le général Bourbaki (dessin de J. L, 1913) |
" La nouvelle du suicide
de Bourbaki se croise avec celle de sa révocation, car
le gouvernement lui a déjà donné un successeur
en la personne du général Clinchant, et c'est un
grand soulagement pour M. de Freycinet d'apprendre que cette révocation
a été étrangère à la résolution du commandant en chef de l'armée de l'Est. |
L'Armée de Bretagne :
En octobre 70, 50 000 mobilisés bretons sont envoyés dans le
camp de Conlie (près du Mans), pour recevoir une instruction
militaire et former l'Armée de Bretagne :
"Sur l'initiative de M. de Kératry, parti en ballon de Paris,
le gouvernement de la défense nationale décréta,
le 22 octobre, la formation de l'armée de Bretagne.
Cette armée devait se composer des mobilisés des départements
de la Bretagne et du Maine, des mobiles encore disponibles dans les
mêmes départements, de tous les corps francs de l'Ouest,
de quelques milliers d'hommes d'infanterie de ligne, de quelques escadrons
de cavalerie, de quelques marins, etc.
Elle devait être de 50
à 60 000 hommes et pouvait même être plus nombreuse,
puisque le contingent mobilisable des 5 départements bretons
était, à lui-seul, de 80 000 hommes.
Son objectif était de percer les lignes allemandes et de ravitailler
Paris. Elle devait partir du Mans, s'appuyant d'un côté
sur l'aile gauche de l'armée de la Loire, de l'autre sur une
armée qu'on devait réunir en Normandie. Enfin, elle était
placée sous le commandement de M. de Kératry, ancien officier
et député de Brest, nommé général
de division auxiliaire, à qui un crédit de 8 millions
était ouvert.
Il fut entendu que l'armée de Bretagne
serait pourvue par l'Etat de fusils à tir rapide, de canons
à longue portée, de mitrailleuses, etc. "
(Souvenirs de l'armée de Bretagne, Docteur R. Gestin)
Ils ne reçoivent en fait que
très peu d'armes, de mauvaise qualité, et quasiment
pas d'instruction militaire.
Ils souffrent des mauvaises conditions
de vie du camp entrainant des décès par maladie.
L'évacuation partielle du camp se fait tardivement.
Très peu d'hommes (7 à 8000 hommes) vont être retenus
pour le combat.
Mais la mauvaise qualité de leur armement et de
leur instruction militaire ne leur permet pas de tenir la position de
la Tuilerie lors de la bataille du Mans.
Cet échec est à l'origine de la polémique sur la responsabilité des bretons dans
la défaite du Mans :
" Quand on ordonna la levée des
mobilisés, les Bretons partirent les premiers. On entassa les
hommes dans un camp boueux, souvent sans chefs sérieux, sans
cadre, sans instructeurs, sans armes.
De quelle utilité pouvaient
être ces hommes dont quelques uns armés seulement de fusils
de pacotille ?
Pouvait-on les opposer à des troupes nombreuses,
bien commandées, bien armées, sûres d'elles-mêmes
et habituées à la victoire comme les troupes allemandes ?
Non ! il fallait les ramener en arrière et c'est fort heureusement
ce qu'on a pu faire à temps.
Ces 50 000 hommes n'ont donc été d'aucune utilité
pour la défense nationale.
On peut donc affirmer, que l'effort
considérable fait par le pays breton en 1870 - 71 a été
inutile, qu'il n'a pas retardé d'une minute l'invasion allemande,
enfin qu'en un mot, il aurait mieux valu laissé les mobilisés
chez eux.
D'abord, à peine le décret de formation de l'armée
de Bretagne était-il promulgué, que de mauvais conseillers
inspiraient à Gambetta une défiance injuste à
l'égard des Bretons, qu'on lui représenta comme devant
former une armée royaliste et séparatiste.
Comme
la presse et plusieurs municipalités, entre autres celle de Rennes,
reprochaient au gouvernement de refuser des armes aux mobilisés
de Conlie, le préfet d'Ille-et-Vilaine répondit : "C'est
vrai, mais on a eu tort de faire une armée de Bretons.
A Tours,
ces messieurs craignent que ce ne soit une armée de Chouans."
Quoiqu'il y eût encore quelques milliers de chassepots dans les
arsenaux de l'Ouest, les réclamation de Kératry d'armer
les mobilisés bretons restèrent sans résultat.
La plupart des fusils étaient envoyés dans le Midi, où
les mobilisés n'étaient pas encore sortis de chez eux.
Kératry menaça de donner sa démision, vains efforts !
Impossible de vaincre les influences hostiles. " (Souvenirs de
l'armée de Bretagne, Docteur R. Gestin)
L'Armée Allemande
L'armée allemande est :
Commandée par : - Guillaune Ier, roi de Prusse
.............................. - Roon, ministre de la guerre
.............................. - Molkte, chef d'état-major
En première ligne, elle est :
Formée de : 338 000 hommes sur la rive gauche du Rhin, vers Mayence,
et divisée en 3 armées (voir ci-après)
En deuxième ligne, elle est :
Formée en 2ème ligne, de : 170 000 hommes d'infanterie
et de cavalerie
Composée de : - Ier corps, général
Manteuffel + 2 Div
..........................- IIe corps, général de Fransecky
+ 2 Div
..........................- VIe corps, général de Tumpling
+ 2 Div
..........................- IXe corps, général de Manstein
+ 2 Div + 1 Bgd cavalerie
..........................- 17e Div d'inf + 17e Bgd cavalerie + 1 Div
de garnison
..........................- 1e Div cavalerie de 6 Rgt
..........................- 2e Div cavalerie de 6 Rgt
..........................- 4 Div mobilisées de Landwehr, à
4 Rgt à 3 Btl
Et il restait encore en Allemagne des troupes facilement mobilisables.
Uhlan, coiffé de la Schapska
(dessin de M. Pallandier, 1900)
La Ie Armée :
La Ie Armée, créée au début de la guerre, est :
Formée de : 55 000 hommes
Commandée par : le général von Steinmetz
Composée des : VIIe (Zastrow) + VIIIe corps + 3 Div de cavalerie puis + Ie
Elle est à Trèves.
La IIe Armée :
La IIe Armée, créée au début de la guerre,
est :
Formée de : 143 000 hommes
Commandée par : le prince Frédéric-Charles de Prusse, dit le prince Rouge
Composée des : Garde prussienne + IIIe + IVe + Xe + XIIe corps
+ 3 Div de cavalerie, puis + garde et XIe
Elle est à Mayence.
La IIIe Armée :
La IIIe Armée, créée au début de la guerre, est :
Formée de : 140 000 hommes
Commandée par : Frédéric-Guillaume, Prince-Royal de prusse
Composée des : Ve + XIe + Ie et IIe corps bavarois + 1 Div wurtembergeoise
+ 1 Div badoise
............................+ 4 Div de cavalerie allemandes du Nord
+ 1 Div de cavalerie bavaroise puis + IIe et IVe
Elle est à Landau.
L'armée allemande assiégeante de Paris :
L'empereur et l'armée de Châlons ayant capitulés à Sedan le 2 septembre, Bazaine et l'armée
du Rhin "réduite"
étant assiégés à Metz, la IIe et IIIe armées allemandes avancent sans obstacles sur Paris.
L'armée allemande assiégeante de Paris, créée fin septembre, est :
Formée de : - 169 000 fantassins
.................... - 13 000 cavaliers
.................... - 700 canons
Composée des : IIe Armée (- Xe corps resté à Metz)
et IIIe armée (+ VIe corps qui était en seconde ligne)